Oratoire Notre-Dame de Lorette (Loretto) : 1611
cl. Abgrall
Le chemin
qui reliait pendant des siècles Plougasnou à Saint-Jean-du-Doigt, était ponctué
de trois oratoires. Le premier à Plougasnou implanté dans le cimetière, le
dernier à Saint-Jean-du-Doigt dans l'enclos et entre les deux, en plein champ,
à 500 mètres de l’église paroissiale de Plougasnou, l'oratoire dédié à
Notre-Dame de Lorette.
Une
inscription dans la frise de son entablement précise sa fondation :
« DAMOISELLE. IANNE. DE. KEREDAN. DAME. DOVAIRIAIRE. DE. KERASTAN. A. FAICT. BATIR. A LHONNEVR. DE. DIEV. ET. DE. NOTRE. DAME. DE. LORETO. 1611 »
Jeanne de Keredan douarière de Kerastan, est la veuve de Guyomarc’h Boëtet sieur de Kerastan, l’un des représentants de la noblesse au conseil de fabrique, cité dès 1601. Les armes mi parties visibles sur la façade Sud sont à gauche le cerf héraldique des Boëtet et à droite les deux fasces surmontées d’un annelet appartenant aux Keredan. Un écusson portant les mêmes armes peut se voir en réemploi sur la façade de la ferme de Kerastren qui a remplacé le manoir de Kerastan. Louis Le Guennec signale également sur le fronton Ouest de l’oratoire les armes des Corran « 3 fleur de lys 2 et 1, une molette en abyme ».
« DAMOISELLE. IANNE. DE. KEREDAN. DAME. DOVAIRIAIRE. DE. KERASTAN. A. FAICT. BATIR. A LHONNEVR. DE. DIEV. ET. DE. NOTRE. DAME. DE. LORETO. 1611 »
Jeanne de Keredan douarière de Kerastan, est la veuve de Guyomarc’h Boëtet sieur de Kerastan, l’un des représentants de la noblesse au conseil de fabrique, cité dès 1601. Les armes mi parties visibles sur la façade Sud sont à gauche le cerf héraldique des Boëtet et à droite les deux fasces surmontées d’un annelet appartenant aux Keredan. Un écusson portant les mêmes armes peut se voir en réemploi sur la façade de la ferme de Kerastren qui a remplacé le manoir de Kerastan. Louis Le Guennec signale également sur le fronton Ouest de l’oratoire les armes des Corran « 3 fleur de lys 2 et 1, une molette en abyme ».
cl. J.-F. Joly
À
Nazareth, la maison de la Vierge Marie, là où Jésus-Christ fut conçu du
Saint-Esprit, avait pris le nom de Sainte Maison de Lorette. En 1294, d’après
la tradition, elle fut transportée par miracle dans la marche d’Ancône en
Italie en un lieu appelé désormais Loreto et devint alors un pèlerinage
marial de grande importance. Désormais, elle fut honorée dans toute l’Europe.
Notre-Dame
de Lorette était souvent invoquée contre la peste ; ce pourrait être
l’origine de cet oratoire afin de conjurer un fléau qui ressurgissait d’une
façon endémique après les guerres de la Ligue. Au XIXe siècle, il
avait une toute autre fonction si l’on se réfère aux cartes postales anciennes :
les jeunes filles venaient y découper et y déposer leurs cheveux pour se marier
dans l’année.
L’origine
orientale de la maison de Lorette a pu fortement influencer la conception de
l’oratoire. Le maître d’œuvre a vraisemblablement puisé son inspiration dans
une des gravures d’œuvres antiques qui circulaient en masse à la fin de la
Renaissance. Léon Palustre a même proposé un modèle, celui de certains tombeaux
lyciens d’Asie mineure.
De plus, la forme en carène du comble a pu séduire une population composée de nombreux marins. |
Tombeau lycien, partie
supérieure (cliché Itai)
|
Le maître d’œuvre de cet oratoire est
inconnu à ce jour. On peut néanmoins noter qu’à cette époque le maître
architecte et « picoteur » de pierres Fiacre de La Haye est chargé
par les fabriciens de Plougasnou de terminer la tour et la flèche de l’église
paroissiale (inscription dans le porche Ouest datée de 1612).
Connu à Morlaix où il intervient à Notre-Dame du Mur (1598-1599) et à Saint-Mathieu (1601), Fiacre de La Haye est la référence à cette époque des gens du bâtiment, profession fortement éprouvée par les guerres de la Ligue. Pour le dôme de Saint-Mathieu il réapprend même aux tailleurs de pierres quelques facettes du métier. Avant de venir de Plougasnou, il prend en charge la reconstruction de la partie orientale de l’église de Ploumiliau (Côtes d’Armor) de 1602 à 1608.
Connu à Morlaix où il intervient à Notre-Dame du Mur (1598-1599) et à Saint-Mathieu (1601), Fiacre de La Haye est la référence à cette époque des gens du bâtiment, profession fortement éprouvée par les guerres de la Ligue. Pour le dôme de Saint-Mathieu il réapprend même aux tailleurs de pierres quelques facettes du métier. Avant de venir de Plougasnou, il prend en charge la reconstruction de la partie orientale de l’église de Ploumiliau (Côtes d’Armor) de 1602 à 1608.
Christian MILLET, patrimoine de L’ULAMIR et de Plougasnou.
DESCRIPTION du BÂTIMENT
Le
bâtiment a été édifié sur un plan rectangulaire d’après un tracé régulateur. Il
est entièrement bâti en granite : granite de Primel pour le muret
périmétrique ; granite de l’Île-Grande, à deux faciès, l’un rose et
l’autre gris clair, pour le reste.
En faisant le tour de l’édifice, on s’aperçoit que la composition des façades Est, Sud et Ouest a été mise en œuvre pour mettre en valeur l’entablement et l’inscription qui a été gravée sur la frise.
La construction a été réalisée à partir d’un mur périmétrique d’environ 1,00 m de haut sur lequel s’appuient les différentes façades de l’oratoire.
En venant de Plougasnou, sur la façade Ouest deux pilastres supportent un arc dont la clef est sculptée d’un visage. Cette clé est surmontée d’une antéfixe où il y a les armes de Coran.
La façade Sud est encadrée par deux pilastres, en gaine de termes, à moulures doriques ; dans l’axe se trouve une ouverture gardée par une caryatide et un télamon ; les pilastres supportent l’entablement où l’on peut lire le texte dédié à la douairière de Kerastan.
La façade Est, au mur qui monte de fond, est percée d’un ovale placé au-dessus de l’entablement ; on y lit la date de 1611 à côté d’une pierre en saillie. La partie supérieure montre le profil des voutes qui coiffent la construction. Au-dessus de l’ovale, il y a une pierre sur laquelle on distingue le tracé d’un blason.
La façade Nord est composée comme la façade Sud ; elle comporte des pilastres avec une mouluration simple, sans décoration particulière.
La particularité de cet édifice est qu’il est couvert par une voute en pierre qui a été certainement difficile à mettre en place en raison du poids des matériaux et de leur tendance à pousser au vide lors de la mise en œuvre. Il a fallu étayer les pierres au fur et à mesure du montage, ce qui peut expliquer la présence de deux entraits en pierre qui traversent la voute et qui ont permis de tenir l’étaiement nécessaire.
La sous face de ces entraits s’établit à 3,20 m du sol. Ils sont calés sur les deux premières assisses des voutes. Les coques de bateaux, construites à l’époque de l’oratoire, ont pu guider la mise en place des pierres.
La décoration intérieure est frustre, un autel s’appuyant sur le mur oriental. Au-dessus de l'autel, l'ouverture ovale est encadrée par trois corbeaux en saillie supportant trois statues, dont l'une en kersanton représente une Vierge à l'enfant. Le revêtement de sol est en dalles de schiste.
En faisant le tour de l’édifice, on s’aperçoit que la composition des façades Est, Sud et Ouest a été mise en œuvre pour mettre en valeur l’entablement et l’inscription qui a été gravée sur la frise.
La construction a été réalisée à partir d’un mur périmétrique d’environ 1,00 m de haut sur lequel s’appuient les différentes façades de l’oratoire.
En venant de Plougasnou, sur la façade Ouest deux pilastres supportent un arc dont la clef est sculptée d’un visage. Cette clé est surmontée d’une antéfixe où il y a les armes de Coran.
La façade Sud est encadrée par deux pilastres, en gaine de termes, à moulures doriques ; dans l’axe se trouve une ouverture gardée par une caryatide et un télamon ; les pilastres supportent l’entablement où l’on peut lire le texte dédié à la douairière de Kerastan.
La façade Est, au mur qui monte de fond, est percée d’un ovale placé au-dessus de l’entablement ; on y lit la date de 1611 à côté d’une pierre en saillie. La partie supérieure montre le profil des voutes qui coiffent la construction. Au-dessus de l’ovale, il y a une pierre sur laquelle on distingue le tracé d’un blason.
La façade Nord est composée comme la façade Sud ; elle comporte des pilastres avec une mouluration simple, sans décoration particulière.
La particularité de cet édifice est qu’il est couvert par une voute en pierre qui a été certainement difficile à mettre en place en raison du poids des matériaux et de leur tendance à pousser au vide lors de la mise en œuvre. Il a fallu étayer les pierres au fur et à mesure du montage, ce qui peut expliquer la présence de deux entraits en pierre qui traversent la voute et qui ont permis de tenir l’étaiement nécessaire.
La sous face de ces entraits s’établit à 3,20 m du sol. Ils sont calés sur les deux premières assisses des voutes. Les coques de bateaux, construites à l’époque de l’oratoire, ont pu guider la mise en place des pierres.
La décoration intérieure est frustre, un autel s’appuyant sur le mur oriental. Au-dessus de l'autel, l'ouverture ovale est encadrée par trois corbeaux en saillie supportant trois statues, dont l'une en kersanton représente une Vierge à l'enfant. Le revêtement de sol est en dalles de schiste.
Edouard
Marc ROUX, patrimoine de Plougasnou