Hector MÉRIADEC,
chevalier de l’hôtel du connétable Arthur de Richemont.
chevalier de l’hôtel du connétable Arthur de Richemont.
Bataille de Formigny, enluminure attribuée à Philippe de Mazerolles et extraite des Chroniques de Charles VII de Jean Chartier, BnF, département des manuscrits, ms. Français 1691.
Le 15 avril 1450, à Formigny en Normandie, les français commandés par Jean de Bourbon, comte de Clermont, affrontent un corps d’anglais sous les ordres de Thomas Kyriell. Les français adoptent une stratégie nouvelle, inverse de celle de Crécy et d’Azincourt ; ils se mettent à l’abri des redoutables archers gallois et utilisent leurs couleuvrines. Les anglais, plus nombreux, prennent alors l’initiative, semblent prendre l’avantage mais sont complètement submergés par une charge de la cavalerie bretonne du connétable Arthur de Richemont, frère du duc de Bretagne et connétable de France, qui vient d’arriver sur le champ de bataille.
La défaite anglaise est totale. Durant l’été, la Normandie est totalement libérée. C’est la fin de la guerre de Cent Ans dans le nord de la France. Trois ans plus tard, la bataille de Castillon met fin à la présence des anglais en France, à l’exception de la ville de Calais qui ne sera reprise qu’en 1558.
La défaite anglaise est totale. Durant l’été, la Normandie est totalement libérée. C’est la fin de la guerre de Cent Ans dans le nord de la France. Trois ans plus tard, la bataille de Castillon met fin à la présence des anglais en France, à l’exception de la ville de Calais qui ne sera reprise qu’en 1558.
Parmi les cavaliers bretons qui chargent à Formigny se trouve un chevalier originaire de Plougasnou, Hector Mériadec. Membre de l’hôtel du connétable Arthur de Richemont, il fait partie de la garde rapprochée de ce dernier : «Puis ordenna pout la garde de son corps certains gentilzhommes, dont les noms ensuivent premier Regnauld de Veluyre, Pierres du Pan, Yvon de Treenna, Jehan Budes, Hector Meriadec, Jehan du Boys, Colinet de Lignières et Guillaume Gruel (1)».
Issu d’une famille habituellement présentée comme une branche cadette de la famille de Guicaznou, il est l’un des fils de Jean Mériadec et de Katherine de Trogoff. Jean Mériadec, seigneur de Crec’honvel en Ploujean (2) et de Tuonmériadec et Buors (3) en Plougasnou, était receveur de la châtellenie de Morlaix en 1413. Hector Mériadec a déjà combattu autour de Paris en 1436. Il participe avec Jean de Dunois, Tugdual de Kermoysan, Mathelin Liscoet et Olivier de Coetivy à la prise, par escalade, de la ville de Saint-Denis, puis par un audacieux coup de main, avec Tugdual de Kermoysan et Jehan Budes et trois autres, à la reprise du faubourg dit de Pontoise que les anglais avaient réinvesti. Le 17 avril 1436, Paris est repris et la garnison anglaise se replie à Rouen. En octobre 1437, les bretons se distinguent lors de la prise de la ville de Montereau ; Pierre de Rostrenen et Eustache Gruel mais aussi nombre de chevaliers de l’hôtel du connétable de Richemont4, parmi lesquels Hector de Mériadec. En 1438, il est récompensé de ses faits d’armes en devenant chevalier de l’ordre du Camail et du Porc-Épic (5). Lors de la réformation de 1445, Hector de Mériadec est un noble demeurant dans le fief du Duc à Plougasnou, sans aucune difficulté (6). Vers 1450, Hector Mériadec se marie avec Constance du Parc, fille de Salomon du Parc et de Plezou Périou, seigneur et dame de Mesquéault . Il aura d’elle trois enfants : Catherine future épouse de Yves de Trogoff, sieur de Kervidern, Marguerite qui épousera Yves Le Rouge et Arthur, son héritier, filleul du connétable Arthur de Richemont et mari de Béatrice de Guicaznou. En août 1462, Hector Mériadec est signalé lors d’un tournoi organisé dans le château de Clisson par François II duc de Bretagne pour sa maîtresse Antoinette de Maignelais, dame de Villequier. Il y rompt quelques lances (7). Bien que fort âgé, lors de la montre de Lannion de 1481, il est l'une des quatre lances de la paroisse de Plougasnou (8). La lance était composée d’un homme d’armes équipé de toutes pièces, d’un page, d’un soldat portant la lance, d’un coutelier ou coustilleur et d’un ou deux archers. C’était l’armement des plus puissants seigneurs. Hector Mériadec appartient toujours à l'ordonnance, c'est à dire à une compagnie d'hommes d'armes soldés par ordonnance du duc. Il possède 100 livres de revenu. Dans cette même montre, son fils Arthur est signalé dans les archers avec une armure (brigandine ou jacque) et armé soit d’une voulge (hallebarde), d’une pertuisane (lance) ou d’une hache. Hector Mériadec, est le type même de ces cadets de famille noble de modeste lignage, qui deviennent militaires de carrière et s’engagent dans l’hôtel d’un puissant seigneur. Hommes intrépides, rudes, parfois cruels, ils rêvent de prouesses et demeurent généralement loyaux envers leur seigneur durant toute leur carrière. Christian MILLET ______________________________________________________________ 1 Guillaume Gruel – Chronique d’Arthur de Richemont, connétable de France, duc de Bretagne (1393-1458) 2 Jehan Mériadec est cité dans les nobles de la paroisse de Ploujean , lors de la réformation de 1427. 3 Jehan Meryadec dans réformations de 1427 et 1445. 4 Avec Hector Mériadec sont cités Jehan de Malestroit, Geffroi de Couvran, Simon de Lorgeril, Jean de Broon, Olivier Giffart, Olivier de Coetivy, Jean Budes et Guillaume de Vendel 5 Pol Potier de Courcy – Nobiliaire et armorial de Bretagne – J. Plihon & L. Hervé, 1890 (3, p. 401). Son frère ( ?) Hervé figure également dans les nominations de l’année 1438 ; en 1424, il faisait partie de l’hôtel d’Arthur de Richemont ; il prit ensuite du service auprès du duc de Bourgogne dont il porta l’étendard à la bataille de Rupelmonde contre les Gantois en 1451. 6 Louis Le Guennec – Notes historiques et archéologiques sur la commune de Plougasnou – Association du Patrimoine de Plougasnou, 2017, p. 16. 7 Marquis de Brisay – La maison de La Jaille - H. Champion Paris 1910 p.202 8 Les trois autres lances étaient : Morice de Pontplancoët, tuteur du fils Pierre Tuongoff, dit qu’il se monstre en Léon ; Jean de la Haye, homme d’armes et o (avec) luy page, lance, coustilleur en brigandine ; Jean du Parc, homme d’armes et o luy page, lance, coustilleur en brigandine. Louis Le Guennec op. cit p. 20. |
Armes de Mériadec : d'argent fretté d'azur à la bordure engreslée de gueules.
Arthur de RICHEMONT
Arthur III, duc de Bretagne, comte de Richemont, connétable de France (1458). Dessin aquarellé, Paris, BnF, collection Gaignières.
Arthur de Richemont, né en 1393, est le frère du duc de Bretagne Jean V. Le 7 mars l425, il devient après Bertrand Du Guesclin et Olivier V de Clisson, le troisième connétable de France, d'origine bretonne.
Yolande d’Aragon, séduite par son énergie et son sens de l’organisation, convainc son gendre, le roi Charles VII, de le choisir comme commandant général des armées royales. Il fut le grand instigateur de la fin de la domination anglaise en France. En 1428, il rejoint Jeanne d’Arc et concourt à la victoire de Patay. En 1435, avec ses capitaines bretons, il occupe Saint-Denis avant de prendre Paris en 1436 puis Meaux en 1439. En 1442, il montre aux anglais de Guyenne et de Gascogne sa valeur et sa force lors de l’expédition de Tartas. En 1450, son intervention est décisive, à Formigny, bataille victorieuse qui permet de mettre fin à la présence anglaise en Normandie. En 1457, à la mort de son neveu Pierre II, il devient duc de Bretagne, Arthur III, avant de mourir treize mois plus tard. Attaché à la cause française, Arthur de Richemont n'en fut pas moins suspect auprès de nombreux seigneurs à cause de son origine bretonne, donc étrangère. Georges de La Trémoille, grand chambellan, lui mena une guerre ouverte et roi lui-même ne l’appréciait guère. Malgré cette hostilité, il sut mettre en place les conditions d’un sursaut militaire. Il rétablit la discipline dans l'armée et créa en 1445 les compagnies d'ordonnance, première armée permanente, après avoir éloigné, pendant la trêve de Tours conclue en 1443, les dangereux routiers. Politique avisé, il comprit très vite que pour chasser les anglais du royaume, il était indispensable de négocier une réconciliation avec le duc de Bourgogne. Mais les historiens ne lui ont pas accordé une postérité méritée ; ils lui ont préféré Bertrand Du Guesclin, un breton plus « francisant ». En 1458, Arthur de Richemont fait un hommage non-lige au roi de France pour la Bretagne, défendant l’indépendance de son duché. Et surtout il fut contemporain de Jeanne d’Arc, une héroïne beaucoup plus romanesque. |