La famille MARC’HEC,
fondatrice de l’église et du pèlerinage de Saint-Jean-du-Doigt.
fondatrice de l’église et du pèlerinage de Saint-Jean-du-Doigt.
Église de Saint-Jean-du-Doigt, nef et chœur, cl. J. F. Joly / Église et portail de Saint-Jean-du-Doigt, carte postale, coll.particulière.
En 1460, Prigent Marc’hec réside au manoir de Pont ar Glec'h, voisin de l’église de Saint-Jean-du-Doigt. C’est un ecclésiastique, chanoine de Tréguier et recteur de Quemper-Guezennec, paroisse trégorroise au confluent du Trieux et du Leff. Il a fait construire une chapelle dans le collatéral Nord de la cathédrale de Tréguier, dans laquelle il a apposé ses armes, « au sautoir d'azur chargé cinq annelets d'argent ».
On retrouve sa ferveur constructive à Saint-Jean-du-Doigt. À cette époque, le pèlerinage vers la chapelle, renfermant depuis une quarantaine d’années, la phalange du doigt du précurseur, prend un développement exceptionnel. Le programme initial de construction est obsolète au vu de l’afflux croissant des pèlerins.
L’arc diaphragme inachevé marque la fin d’un premier chantier et la reprise de la construction sur une nouvelle dimension ; la nef et le chœur sont agrandis et allongés dans un nouveau style, le gothique flamboyant. Prigent Marc’hec tient à faire savoir qu’il est le promoteur de ces travaux et fait apposer en français sa signature "M : p : chevalyer fit : faire", sculptée sur le pilier face à l’entrée de la nouvelle porte sud.
On retrouve sa ferveur constructive à Saint-Jean-du-Doigt. À cette époque, le pèlerinage vers la chapelle, renfermant depuis une quarantaine d’années, la phalange du doigt du précurseur, prend un développement exceptionnel. Le programme initial de construction est obsolète au vu de l’afflux croissant des pèlerins.
L’arc diaphragme inachevé marque la fin d’un premier chantier et la reprise de la construction sur une nouvelle dimension ; la nef et le chœur sont agrandis et allongés dans un nouveau style, le gothique flamboyant. Prigent Marc’hec tient à faire savoir qu’il est le promoteur de ces travaux et fait apposer en français sa signature "M : p : chevalyer fit : faire", sculptée sur le pilier face à l’entrée de la nouvelle porte sud.
Mais ce n’est pas suffisant. Il demande à être représenté en orant au-dessus du pilier Nord du chœur avec une inscription en latin. " M : p. militis : canonicus trecorn : r : de kemper guezenec ". Et en vis-à-vis, au-dessus du pilier Sud, il veut que soit figuré, également en orant, Jean Marc’hec, son parent, avec l'inscription en breton : M : I : marec : rector de ceste paroesse : trésorier de Cornouaille et chano(i)ne de tregr,
Jean Marc’hec, recteur de Plougasnou et trésorier de Cornouaille vers 1425, est probablement l’oncle de Prigent Marc’hec, issu d’une famille qui possédait, entre autres, le manoir de Kervoaziou en Plougasnou. Sa représentation, face à celle de Prigent Marc’hec semble indiquer qu’il est le fondateur de l’église et du pèlerinage de Saint-Jean-du-Doigt, vraisemblablement pour le compte du duc de Bretagne, Jean V.
Ces trois épigraphes sont destinées à l’ensemble des fidèles et des pèlerins ; et pour ce faire on utilise trois langues : chevalier, militis, marec, le même mot en français, en latin et en breton. Ainsi l’espace est bien investi pour signifier que la maîtrise d’ouvrage appartient à l’aristocratie locale et plus particulièrement à deux de ses enfants pour la plus grande gloire de leur famille. Autrefois cette volonté était encore plus visible. Dans la grande vitre du chevet, se remarquaient les armes des Marc’hec dans quatre écussons du haut et six autres du bas ; entre ces deux rangées, au milieu de la verrière, se trouvait « la représentation d’un homme armé estant à genoux portant sur ses tassettes pareilles écussons (1)».
Jean Marc’hec, recteur de Plougasnou et trésorier de Cornouaille vers 1425, est probablement l’oncle de Prigent Marc’hec, issu d’une famille qui possédait, entre autres, le manoir de Kervoaziou en Plougasnou. Sa représentation, face à celle de Prigent Marc’hec semble indiquer qu’il est le fondateur de l’église et du pèlerinage de Saint-Jean-du-Doigt, vraisemblablement pour le compte du duc de Bretagne, Jean V.
Ces trois épigraphes sont destinées à l’ensemble des fidèles et des pèlerins ; et pour ce faire on utilise trois langues : chevalier, militis, marec, le même mot en français, en latin et en breton. Ainsi l’espace est bien investi pour signifier que la maîtrise d’ouvrage appartient à l’aristocratie locale et plus particulièrement à deux de ses enfants pour la plus grande gloire de leur famille. Autrefois cette volonté était encore plus visible. Dans la grande vitre du chevet, se remarquaient les armes des Marc’hec dans quatre écussons du haut et six autres du bas ; entre ces deux rangées, au milieu de la verrière, se trouvait « la représentation d’un homme armé estant à genoux portant sur ses tassettes pareilles écussons (1)».
Jean MARC’HEC, trésorier de Cornouaille, recteur de Plougasnou
En 1425, Jean Marc'hec est recteur de Plougasnou et chanoine de Tréguier. Trésorier de Cornouaille, il est actif dans l'administration ducale à Vannes.
Le 13 février 1420, au château de Champtoceaux, le duc Jean V est enlevé par Olivier et Charles de Blois, fils de Jeanne de Penthièvre. Terrorisé et pour parvenir à sa libération, le duc promet de grosse pensions à ceux qui le tiennent prisonnier. Par la suite, Jeanne de France, duchesse de Bretagne, assiège les places rebelles et fait libérer son mari qui confisque les biens des Penthièvre. Quatre ans plus tard, le 16 févier 1424, le duc se délie de ses promesses par un acte annulant ces donations car pour sa vie sauve, il avait promis au-delà de ce qu’il pouvait tenir. Jean Marc’hec est l’un des signataires de cet acte (2). Le texte est en latin et, traduit en français, se termine ainsi :
"Donné et approuvé dans notre cité de Vannes, en notre parlement général, l'an du Seigneur, mille quatre cent vingt quatre, le vrai jour 16 du mois de février, par trois fois, pontificat du très Saint dans le Christ, notre seigneur père Martin 5e, pape par la providence divine, huitième année, en présence du révérend dans le Christ, père et maître de nos chers conseillers, Jean évêque de Tréguier (Jean de Bruc 1422-1430), de maître Yvon de Kerouzéré, président, d'Olivier de Champovallon, vice-chancelier, de Jean Doguet et Jean de Bennerven nos procureurs généraux, de Guillaume Groignet et Jean Chevalier, trésorier de Cornouaille(Johanne Militis thesaurario corisopitensi)".
Dans un autre lettre de l’année suivante, accordant certains privilèges aux habitants de Nantes, il est encore signataire (3). Sur le repli:
"Par le duc, en son conseil, ès requestes de son général parlement, presens : le comte de Porhoët, les sires de Rieux, de Quemenéguingamp, de Montauban, de Couesquen, le vice chancelier, messire Jehan Gral, maistres Jehan Chevalier, Guillaume Grognet, les seneschaulx de Cornouaille, de Triguer, du ressort de Gouelou et autres plusieurs".
Enfin en 1426, lors d'une jacquerie en Goëllo, le duc envoie Jean Marc'hec vers son chambellan Alain de Penhoêt.
"à Jehan Marheuc envoyé en Goelou porter lettres à Messire Alain de Penhoët touchant la jacquerie 40 s" (4)
Le 13 février 1420, au château de Champtoceaux, le duc Jean V est enlevé par Olivier et Charles de Blois, fils de Jeanne de Penthièvre. Terrorisé et pour parvenir à sa libération, le duc promet de grosse pensions à ceux qui le tiennent prisonnier. Par la suite, Jeanne de France, duchesse de Bretagne, assiège les places rebelles et fait libérer son mari qui confisque les biens des Penthièvre. Quatre ans plus tard, le 16 févier 1424, le duc se délie de ses promesses par un acte annulant ces donations car pour sa vie sauve, il avait promis au-delà de ce qu’il pouvait tenir. Jean Marc’hec est l’un des signataires de cet acte (2). Le texte est en latin et, traduit en français, se termine ainsi :
"Donné et approuvé dans notre cité de Vannes, en notre parlement général, l'an du Seigneur, mille quatre cent vingt quatre, le vrai jour 16 du mois de février, par trois fois, pontificat du très Saint dans le Christ, notre seigneur père Martin 5e, pape par la providence divine, huitième année, en présence du révérend dans le Christ, père et maître de nos chers conseillers, Jean évêque de Tréguier (Jean de Bruc 1422-1430), de maître Yvon de Kerouzéré, président, d'Olivier de Champovallon, vice-chancelier, de Jean Doguet et Jean de Bennerven nos procureurs généraux, de Guillaume Groignet et Jean Chevalier, trésorier de Cornouaille(Johanne Militis thesaurario corisopitensi)".
Dans un autre lettre de l’année suivante, accordant certains privilèges aux habitants de Nantes, il est encore signataire (3). Sur le repli:
"Par le duc, en son conseil, ès requestes de son général parlement, presens : le comte de Porhoët, les sires de Rieux, de Quemenéguingamp, de Montauban, de Couesquen, le vice chancelier, messire Jehan Gral, maistres Jehan Chevalier, Guillaume Grognet, les seneschaulx de Cornouaille, de Triguer, du ressort de Gouelou et autres plusieurs".
Enfin en 1426, lors d'une jacquerie en Goëllo, le duc envoie Jean Marc'hec vers son chambellan Alain de Penhoêt.
"à Jehan Marheuc envoyé en Goelou porter lettres à Messire Alain de Penhoët touchant la jacquerie 40 s" (4)
Console de la tour de Saint-Jean-du-Doigt. Ce pourrait être une représentation du duc Jean V.
Christian Millet
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1 - Procès-verbal du 10 septembre 1605 (6 feuillets) – Prééminences des seigneurs de Groesquer-Kervoaziou et d’Encremer-Penanguen, Archives de Lauzanne (transcription d’Yves-Pascal Castel). La tassette est une pièce d’armure située au niveau de l’aine.
2 - Blanchard, René " Lettres et mandements de Jean V de Bretagne 1402-1442 " (5 volumes) – Edition des bibliophiles bretons, Nantes 1889-1895. (lettre 1610) – Renonciation du duc Jean V des promesses faites à Olivier et Charles de Blois, lors de sa détention.
3 - Blanchard, René Ibid. , lettre 1612.
4 - BNF Fr 8267 (citée par Hervé Torchet)
2 - Blanchard, René " Lettres et mandements de Jean V de Bretagne 1402-1442 " (5 volumes) – Edition des bibliophiles bretons, Nantes 1889-1895. (lettre 1610) – Renonciation du duc Jean V des promesses faites à Olivier et Charles de Blois, lors de sa détention.
3 - Blanchard, René Ibid. , lettre 1612.
4 - BNF Fr 8267 (citée par Hervé Torchet)