Louis Le Guennec, Manoir de Mesquéault (Coll. des Amis de Louis Le Guennec)
Prêtres réfractaires et kuzh bellec (cache curé).
Le 12 juillet 1790, l’Assemblé Constituante adopte la Constitution civile du clergé ayant pour but de réorganiser le clergé séculier français et de supprimer le clergé régulier. L’opposition de Louis XVI, roi de France et la condamnation du pape Pie VI provoquèrent la scission du clergé français, en clergé constitutionnel et clergé réfractaire.
Le 29 novembre 1791, l’Assemblée Législative décrète la destitution des membres du clergé qui refusent de prêter serment à la Constitution civile du clergé et le 26 mai 1792, tout prêtre insermenté, dénoncé par 20 citoyens actifs, peut être arrêté et proscrit.
Dès lors nombre de religieux partent en exil ou continuent leur office dans la clandestinité, en se cachant chez l’habitant.
Le 13 août 1791, à Plougasnou, le curé assermenté Jean-Charles Le Tertre remplace le recteur François MORVAN qui a refusé de prêter serment. Celui-ci cesse ses fonctions le 28 août et il rentre dans la clandestinité avec ses vicaires François PIRIOU et Jean-Gilles CORVEZ. Pendant 15 ans il se cachera dans les fermes dans des kuzh bellec (cache curé), en particulier au manoir des SALLES en plein bourg. Après le Concordat de 1801, il redevient recteur et il occupe encore cette fonction en 1807, date à laquelle il demande conseil à son évêque. Plougasnou compte alors 4000 âmes.
Mais tous les religieux bretons n’ont pas eu des fins de vie aussi heureuse (1).
En 1792, l’abbé François LAZOU, vicaire à Garlan dont il était originaire, refuse de signer la Constitution civile du clergé. Âgé de 59 ans, il se retrouve avec des confrères réfractaires, d’abord au regroupement de Landivisiau, puis à Landerneau, enfin à Brest d’où lui et ses compagnons d’infortune doivent être acheminés vers Rochefort pour être exilés à Cayenne. Beaucoup mourront en cours de route. L’abbé Lazou réussit à s’enfuir vraisemblablement de Brest et se réfugie au manoir de MESQUÉAULT en Plougasnou. En 1797, pendant « la petite Terreur » sous le Directoire, il est découvert au cours d’une perquisition sur dénonciation. Malgré ses infirmités, il est déporté sur les pontons de Rochefort. Il rejoint la Citadelle de Saint-Martin-de-Ré où il meurt à l'âge de 65 ans. Nous sommes en 1799.
De même, l’abbé Augustin LE CLECH, de Plestin, trouve refuge à Plougasnou chez Mme Anne Le Prince, veuve Le Blanc, âgée de 80 ans, et sa fille Anastasie. Sont-ils victimes d’une dénonciation ? Ils sont découverts et arrêtés puis déférés devant le tribunal criminel de Brest qui les condamne à la peine capitale. Ils seront tous trois exécutés le 1er juillet 1794.
Une autre figure marquante de cette époque a laissé quelques traces à Plougasnou.
Charles Marie Michel Célestin LEROUX de KERNINON, est né au château de Kerninon en Ploulec’h le 26 Octobre 1755. Il est le fils de Jean-Baptiste François Le Roux, seigneur de Kerninon, chef de nom et d’armes, et de Gillette-Françoise-Céleste de Saint-Pern, fille de Louis-Célestin de Saint-Pern, comte du Lattay, conseiller au Parlement de Bretagne. Charles Marie est leur sixième garçon.
Après avoir choisi l’état ecclésiastique, son début de carrière est brillant ; il devient aumônier (2) du comte de Provence, le futur Louis XVIII et reçoit à ce titre plusieurs bénéfices. Il est chanoine de l’église de Beauvais et abbé de Sainte Gauburge en Perche.
La Révolution française, pendant laquelle il reste fidèle au roi, brise son élan. "Fidèle à Dieu au Roi il souffrit / la persécution pendant la tourmente révolutionnaire" peut-on lire sur sa tombe. Après avoir traversé, non sans mal cette période, Charles Leroux de Kerninon décède à Plougasnou en 1814. Avant 1901, date de translation de ses ossements au nouveau cimetière, sa tombe se trouvait au chevet de l’église près de la petite porte de la sacristie.
Charles Leroux de Kerninon, s'éteint le 2 avril 1814 au manoir de Kéricuff, propriété de sa famille depuis 1714. Après la Terreur, Olivier Guillou, maire de Plougasnou restitue à M. de Kerninon fils, un calice ancien de vermeil et des habits sacerdotaux qui avaient été pris dans la chapelle du manoir.
Un autre calice attire l’attention, gravé à côté d’une patène dans le mur du Moulin Neuf, dépendance à l’époque du manoir de Kéricuff, à une hauteur où il pouvait être dissimulé par des sacs de farine. L’hypothèse que ce moulin ait servie pendant « la tourmente révolutionnaire » de lieu de culte ou de refuge à Charles Leroux de Kerninon, prêtre réfractaire, n'est pas impossible.
Le 29 novembre 1791, l’Assemblée Législative décrète la destitution des membres du clergé qui refusent de prêter serment à la Constitution civile du clergé et le 26 mai 1792, tout prêtre insermenté, dénoncé par 20 citoyens actifs, peut être arrêté et proscrit.
Dès lors nombre de religieux partent en exil ou continuent leur office dans la clandestinité, en se cachant chez l’habitant.
Le 13 août 1791, à Plougasnou, le curé assermenté Jean-Charles Le Tertre remplace le recteur François MORVAN qui a refusé de prêter serment. Celui-ci cesse ses fonctions le 28 août et il rentre dans la clandestinité avec ses vicaires François PIRIOU et Jean-Gilles CORVEZ. Pendant 15 ans il se cachera dans les fermes dans des kuzh bellec (cache curé), en particulier au manoir des SALLES en plein bourg. Après le Concordat de 1801, il redevient recteur et il occupe encore cette fonction en 1807, date à laquelle il demande conseil à son évêque. Plougasnou compte alors 4000 âmes.
Mais tous les religieux bretons n’ont pas eu des fins de vie aussi heureuse (1).
En 1792, l’abbé François LAZOU, vicaire à Garlan dont il était originaire, refuse de signer la Constitution civile du clergé. Âgé de 59 ans, il se retrouve avec des confrères réfractaires, d’abord au regroupement de Landivisiau, puis à Landerneau, enfin à Brest d’où lui et ses compagnons d’infortune doivent être acheminés vers Rochefort pour être exilés à Cayenne. Beaucoup mourront en cours de route. L’abbé Lazou réussit à s’enfuir vraisemblablement de Brest et se réfugie au manoir de MESQUÉAULT en Plougasnou. En 1797, pendant « la petite Terreur » sous le Directoire, il est découvert au cours d’une perquisition sur dénonciation. Malgré ses infirmités, il est déporté sur les pontons de Rochefort. Il rejoint la Citadelle de Saint-Martin-de-Ré où il meurt à l'âge de 65 ans. Nous sommes en 1799.
De même, l’abbé Augustin LE CLECH, de Plestin, trouve refuge à Plougasnou chez Mme Anne Le Prince, veuve Le Blanc, âgée de 80 ans, et sa fille Anastasie. Sont-ils victimes d’une dénonciation ? Ils sont découverts et arrêtés puis déférés devant le tribunal criminel de Brest qui les condamne à la peine capitale. Ils seront tous trois exécutés le 1er juillet 1794.
Une autre figure marquante de cette époque a laissé quelques traces à Plougasnou.
Charles Marie Michel Célestin LEROUX de KERNINON, est né au château de Kerninon en Ploulec’h le 26 Octobre 1755. Il est le fils de Jean-Baptiste François Le Roux, seigneur de Kerninon, chef de nom et d’armes, et de Gillette-Françoise-Céleste de Saint-Pern, fille de Louis-Célestin de Saint-Pern, comte du Lattay, conseiller au Parlement de Bretagne. Charles Marie est leur sixième garçon.
Après avoir choisi l’état ecclésiastique, son début de carrière est brillant ; il devient aumônier (2) du comte de Provence, le futur Louis XVIII et reçoit à ce titre plusieurs bénéfices. Il est chanoine de l’église de Beauvais et abbé de Sainte Gauburge en Perche.
La Révolution française, pendant laquelle il reste fidèle au roi, brise son élan. "Fidèle à Dieu au Roi il souffrit / la persécution pendant la tourmente révolutionnaire" peut-on lire sur sa tombe. Après avoir traversé, non sans mal cette période, Charles Leroux de Kerninon décède à Plougasnou en 1814. Avant 1901, date de translation de ses ossements au nouveau cimetière, sa tombe se trouvait au chevet de l’église près de la petite porte de la sacristie.
Charles Leroux de Kerninon, s'éteint le 2 avril 1814 au manoir de Kéricuff, propriété de sa famille depuis 1714. Après la Terreur, Olivier Guillou, maire de Plougasnou restitue à M. de Kerninon fils, un calice ancien de vermeil et des habits sacerdotaux qui avaient été pris dans la chapelle du manoir.
Un autre calice attire l’attention, gravé à côté d’une patène dans le mur du Moulin Neuf, dépendance à l’époque du manoir de Kéricuff, à une hauteur où il pouvait être dissimulé par des sacs de farine. L’hypothèse que ce moulin ait servie pendant « la tourmente révolutionnaire » de lieu de culte ou de refuge à Charles Leroux de Kerninon, prêtre réfractaire, n'est pas impossible.
Plougasnou, le Moulin Neuf, graffiti, Cl. J.F. Joly
ROCHEFORT ET LA FORTERESSE DE RÉ
En 1792, à l’initiative des Girondins, la chasse aux prêtres réfractaires est lancée.
« Les premières municipalités avaient à prendre des mesures que leur conscience réprouvait. Aux ordres de poursuivre les prêtres réfractaires, les officiers municipaux répondaient le plus souvent par le silence ou l’inertie. Ils rejetaient même la responsabilité sur le clergé intrus. (...) Il leur fallait à tous moments quitter leurs travaux (...) et se mettre eux-mêmes en campagne pour la recherche des émigrés et des prêtres proscrits.
Puis durant « la petite Terreur » sous le Directoire (1795-1799) conformément aux injonctions relayées par les préfets « considérant qu’il s’est élevé des doutes sur l’exécution des dispositions de la loi relative aux prêtres insoumis (…) tout prêtre qui sera trouvé dans le département (…) sera arrêté et conduit à Rochefort pour être déporté ».
Mais la flotte anglaise empêche désormais tout départ vers l’Amérique du Sud et 1.023 prêtres et religieux seront enfermés dans la Citadelle de Saint-Martin à l’île de Ré où 62 d’entre eux laisseront leur vie. (3)
En 1792, à l’initiative des Girondins, la chasse aux prêtres réfractaires est lancée.
« Les premières municipalités avaient à prendre des mesures que leur conscience réprouvait. Aux ordres de poursuivre les prêtres réfractaires, les officiers municipaux répondaient le plus souvent par le silence ou l’inertie. Ils rejetaient même la responsabilité sur le clergé intrus. (...) Il leur fallait à tous moments quitter leurs travaux (...) et se mettre eux-mêmes en campagne pour la recherche des émigrés et des prêtres proscrits.
Puis durant « la petite Terreur » sous le Directoire (1795-1799) conformément aux injonctions relayées par les préfets « considérant qu’il s’est élevé des doutes sur l’exécution des dispositions de la loi relative aux prêtres insoumis (…) tout prêtre qui sera trouvé dans le département (…) sera arrêté et conduit à Rochefort pour être déporté ».
Mais la flotte anglaise empêche désormais tout départ vers l’Amérique du Sud et 1.023 prêtres et religieux seront enfermés dans la Citadelle de Saint-Martin à l’île de Ré où 62 d’entre eux laisseront leur vie. (3)
Plan de la citadelle de Saint-Martin de Ré (Extrait du Recueil des plans des places du Royaume, divisées en provinces, faits en l'an 1693, Volume 2 : plan n°66).
DES PRÊTRES INTERNÉS AU CHÂTEAU DU TAUREAU
Par arrêté du 18 août 1792, le directoire du Finistère, accordant une prime de 72 livres à quiconque livrerait un prêtre insermenté, dispose que « les prêtres non septuagénaires ni infirmes qui seront arrêtés à l’avenir seront transférés au château du Taureau ». Internement provisoire à la déportation et à l’exil. Les arrivées se poursuivaient jusqu’en mars 1793. À cette date, la barque hambourgeoise « L’Expédition » transporta à Brême les 28 prêtres détenus au Taureau. Parmi ces ecclésiastiques, les recteurs de Dinéault, Plogonnec, Plougoulm, Plourin-les-Morlaix et l’abbé Le Gac, professeur au collège de Quimper. (4)
Pierre MERRET
________________________________________________________________________________________________________________
1 - Simone Gaillard, " Prêtres déportés à l’île de Ré 1797-1802 ", Saint-Martin-de-Ré, chez l’auteur1989.
Hervé Le Goff, "Les prêtres trégorois au cœur de la tourmente révolutionnaire (1789-1801)"2 - Le comte avait quatre aumôniers qui recevaient gratuitement leurs charges du roi. Ils servaient trois mois par an et assistaient le prince à la messe. Ils jouissaient de gages de 240 livres, 100 livres pour leur logement et un couvert à la Table du bureau, par la suite remplacé par 450 livres sur le menu général de la Maison-bouche.
3 - F. Quiniou, Bulletin diocésain d’Histoire et d’Archéologie du diocèse de Quimper et Léon daté de juillet 1917. 4 - Louis Le Guennec, " Le Château du Taureau" 1920.
Par arrêté du 18 août 1792, le directoire du Finistère, accordant une prime de 72 livres à quiconque livrerait un prêtre insermenté, dispose que « les prêtres non septuagénaires ni infirmes qui seront arrêtés à l’avenir seront transférés au château du Taureau ». Internement provisoire à la déportation et à l’exil. Les arrivées se poursuivaient jusqu’en mars 1793. À cette date, la barque hambourgeoise « L’Expédition » transporta à Brême les 28 prêtres détenus au Taureau. Parmi ces ecclésiastiques, les recteurs de Dinéault, Plogonnec, Plougoulm, Plourin-les-Morlaix et l’abbé Le Gac, professeur au collège de Quimper. (4)
Pierre MERRET
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1 - Simone Gaillard, " Prêtres déportés à l’île de Ré 1797-1802 ", Saint-Martin-de-Ré, chez l’auteur1989.
Hervé Le Goff, "Les prêtres trégorois au cœur de la tourmente révolutionnaire (1789-1801)"2 - Le comte avait quatre aumôniers qui recevaient gratuitement leurs charges du roi. Ils servaient trois mois par an et assistaient le prince à la messe. Ils jouissaient de gages de 240 livres, 100 livres pour leur logement et un couvert à la Table du bureau, par la suite remplacé par 450 livres sur le menu général de la Maison-bouche.
3 - F. Quiniou, Bulletin diocésain d’Histoire et d’Archéologie du diocèse de Quimper et Léon daté de juillet 1917. 4 - Louis Le Guennec, " Le Château du Taureau" 1920.
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