Le soldat "CONLIE"
Un Plouganiste figurait parmi les anciens de Conlie, ce camp, situé dans le nord-ouest du Mans, près de la ligne de chemin de fer Paris-Brest, de sinistre mémoire pour tant de Bretons durant l’hiver 1870-1871.
Il demeurait dans une petite masure derrière la maison Le Bourdonnec côté route de l’Oratoire, dans l’actuelle cour de la poste. Tout le monde l’appelait évidemment « Conlie ». Le problème c’est qu’à force d’appeler quelqu’un par son surnom, on finit par ne plus se rappeler l’identité du quidam. Après la défaite de Sedan en septembre 1870 et l'abdication de Napoléon III, la République est proclamée. Le nouveau ministre de la Guerre, Léon Gambetta, décide de poursuivre les hostilités. À cet effet, une armée est levée sous le commandement du général Keratry. Composée de mobilisés bretons et de volontaires de l’ouest, elle est destinée à servir d’appui à l’armée de la Loire. Dès novembre 1870, on établit à la hâte un camp sur la butte de la Jaunelière à Conlie, dans la région du Mans ; 55 000 hommes vont y séjourner. Le camp se transforme vite en cloaque. Le ravitaillement et les armes devant provenir du surplus de la guerre de Sécession américaine (1861-1865), n’arrivent pas malgré les promesses de Gambetta. Craint-il un réveil chouan et des revendications autonomistes et séparatiste ? Les Bretons qui ne parlent que leur langue, n’aspirent qu’à une chose, revenir chez eux et applaudissent les harangues « à la guerre !» croyant entendre « d’ar ger » à la maison ! Le bilan sera catastrophique. Les insubordinations, les désertions conjuguées à la malnutrition et à l’hygiène déplorable transforment l’affaire en désastre. Des milliers d’hommes tombent malades et sont renvoyés dans leurs foyers. Dans quel état ! Beaucoup y laisseront la vie sans combattre. Seule une division, environ 12.000 hommes, rejoindra l’armée de la Loire et combattra vaillamment l’assaillant prussien avant l’armistice de mars 1871. Sur les 55.000 mobilisés, seuls 2.000 seraient rentrés chez eux sains et saufs ! Le concepteur du camp de Conlie n’est autre que Louis Rousseau, ancien du Lycée de Brest, fouriériste puis catholique social. Il est par ailleurs auteur de l’assèchement des marais de Tréflez, fondateur de Keremma dans la baie de Goulven. Per-Mari Mevel (1915-1983), écrivain bretonnant, fit une chanson sur le sujet enregistré par la suite par le groupe Triskell ; en voici les paroles :
Pierre MERRET, mai 2012
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Gravure de Jeanne Malivel illustrant L'Histoire de notre Bretagne de Jeanne Coroller-Danio en 1922. Doc. Wikipedia
Monument des Bretons signalant le lieu du Camp des Bretons, entre octobre 1870 et janvier 1871, sur la colline de la Jaunelière à Conlie. Doc. Wikipedia
La carte souvenir du camp de Conlie.
Doc. Wikipedia |