Chapelle Saint-Melar
en saint-Jean-du-Doigt
Tableau d'André Guillou (collection particulière)
La chapelle Saint Mélar en la frairie de Donnant de Saint Jean du Doigt est dédiée au jeune prince martyr du pays de Lanmeur.
Un certain Sieur Le Coail en aurait été le principal bienfaiteur. Elle est constituée d'un édifice rectangulaire daté de 1621 et d'une chapelle en aile plus ancienne, de 1601. Le chevet est percé d'une baie à encadrement de pierre de granit à arc roman avec meneau central dans le style du XVIIème siècle.
Surmontant le pignon ouest, un petit clocheton. La cloche actuelle a été offerte par un habitant de Saint Jean.
Deux portes basses, à arc roman, jambages en granit, sans ornement. Couverture en grosses ardoises dites de Locquirec.
cl. P. Virion
A proximité de la façade sud de l'édifice, se dresse une croix de pierre, avec effigies à l'avers et au revers, datant de 1785 comme l’indique l’inscription en haut du fut : CROIX FET PAR C GOF 1785.
cl. J.-F. Joly cl. P. Virion
Autour
de la croix, un ancien cimetière ouvert en 1786 et fermé en 1886. À
propos de ce cimetière, on relève, dans les comptes de fabri- que de
Plougasnou de 1605 à 1624 : Plus à un desairer (vagabond) qui en
grande necessité fust envoye au cemittier de la chapelle de sainct
melar en lad. parroe pour faire une fosse pour y enterrer et ensevelir
un corps mort de contagion pour exempter le cemittier parrochial et le
bourg de danger fust payé par advis de plusieurs la somme de vingt sols.
Il ne s’agit là que d’un cas particulier et non, comme certains ont pu
le penser d’une habitude d’inhumer les pestiférés dans ce cimetière.
En contrebas est une fontaine du XVIIème siècle.
Bien que située sur le territoire de la succursale de Saint Jean du Doigt, cette chapelle dépendait directement de la paroisse de Plougasnou ; on trouve les dépenses concernant cette chapelle dans les comptes de Plougasnou.
En contrebas est une fontaine du XVIIème siècle.
Bien que située sur le territoire de la succursale de Saint Jean du Doigt, cette chapelle dépendait directement de la paroisse de Plougasnou ; on trouve les dépenses concernant cette chapelle dans les comptes de Plougasnou.
Extrait des comptes de fabrique de Plougasnou.
cl. E. Tristan
DESCRIPTIONS, INVENTAIRES
Dans l’inventaire du 6 frimaire an 9 (27/11/1800) signé par le maire de Saint Jean, on relève : une cloison à claire-voye au milieu de la dite chapelle avec porte de même fermante à clef. L’aile de la chapelle était séparée de la nef pour permettre aux lépreux d’assister à la messe. Laquelle chapelle a aussi un cimetière entouré d'un mur en bon état ayant trois en- trées fermées d'eschailliers de pierre, et sur le dit cimetière se trouve aussi un reliquaire presque dégradé.
Dans les notes manuscrites de Le Guennec, on trouve une description de la chapelle, datée du 3 juin 1911, qui nous apprend que :
- à gauche du maître-autel, se trouvait une statue de saint Mélar dans une niche à volets sculptés représentant des scènes de la vie du saint.
- à droite, une statue de la Vierge dans une niche à volets représentant saint Nicodème et saint Germain.
- au dessus de l’autel, grand Christ en bois.
Dans cette note, une petite phrase reste sans explication : la fameuse Vierge ouvrante ne s'y trouve pas.
Les volets des deux niches, ainsi que le grand Christ avaient été mis en lieu sûr, dans l’église de Saint Jean. Ils ont disparu, en 1955 lors de l’incendie de l’église. Quant à la statue de Mélar, elle a eu une destinée originale relatée plus loin.
Dans les notes manuscrites de Le Guennec, on trouve une description de la chapelle, datée du 3 juin 1911, qui nous apprend que :
- à gauche du maître-autel, se trouvait une statue de saint Mélar dans une niche à volets sculptés représentant des scènes de la vie du saint.
- à droite, une statue de la Vierge dans une niche à volets représentant saint Nicodème et saint Germain.
- au dessus de l’autel, grand Christ en bois.
Dans cette note, une petite phrase reste sans explication : la fameuse Vierge ouvrante ne s'y trouve pas.
Les volets des deux niches, ainsi que le grand Christ avaient été mis en lieu sûr, dans l’église de Saint Jean. Ils ont disparu, en 1955 lors de l’incendie de l’église. Quant à la statue de Mélar, elle a eu une destinée originale relatée plus loin.
HISTORIQUE
Suite à la loi de 1905 de séparation de l’église et de l’état, la chapelle Mélar est de- venue propriété du Bureau de Bienfaisance de Saint Jean du Doigt. Toujours consacrée, elle est devenue une charge inutile pour la commune qui la laissera à l’abandon.
En 1925, après l’incendie de la flèche de l’église, la cloche de Saint Mélar a été récupérée et placée dans le clocher pour remplacer les cloches fêlées lors de cet incendie. Elle s’y trouve toujours. Cette cloche est datée de 1677.
En 1925, après l’incendie de la flèche de l’église, la cloche de Saint Mélar a été récupérée et placée dans le clocher pour remplacer les cloches fêlées lors de cet incendie. Elle s’y trouve toujours. Cette cloche est datée de 1677.
cl. J.-F. Joly
Le 27 novembre 1927, le Maire expose au Conseil Municipal que la Chapelle de Saint-Mélar appartenant à la Commune et délaissée par le Clergé depuis plusieurs années, tombe en ruines et qu’il y aurait peut-être lieu de la vendre avec le territoire qui en dépend.
Le Conseil considérant que cette chapelle et le terrain avoisinant ne sont d’aucune utilité pour la Commune et que leur valeur diminue graduellement faute de réparations demande l’autorisation de vendre, par adjudication publique, la Chapelle de Saint-Melar et le terrain avoisinant et s’engage à affecter le produit de la vente, par moitié, pour l’entretien des chemins vicinaux et des chemins ruraux de la Commune. Le 1er décembre 1929, le maire fait connaître l’avis du service des monuments historiques, lequel ne voit aucun inconvénient à l’aliénation des ruines de la Chapelle Saint-Mélar. Le Conseil décide de faire procéder à la vente de la chapelle et du terrain avoisinant.
Le 6 avril 1930, vente par la commune de Saint-Jean-du-Doigt à Mademoiselle Marianne Ferré, domiciliée à Paris, boulevard Saint-Michel, n° 24, 6e arrondissement (mais également propriétaire d’une maison à St Jean) en la commune de Saint-Jean-du-Doigt:
- une vieille chapelle désaffectée dite "Chapelle Mélar" ...
- une fontaine et une pâture non cadastrée entourant la chapelle et la pâture ci dessus désignés d'une contenance de 4a environ. Mademoiselle Ferré a acquis la chapelle pour la somme de 4600 francs. Le 6 octobre 1943, Mademoiselle Ferré fait attribution à l’Association Diocésaine de Quimper, en la commune de Saint Jean du Doigt, de la chapelle Mélar. Elle est devenue propriété de l’Association Immobilière du Finistère à Quimper, qui gère les biens immobiliers de l’évêché.
En 1937, un milliardaire américain, Monsieur Canaday, avait acquis chez l'antiquaire Tréanton , de Morlaix, certaines statues dont le saint Mélar de la chapelle de Saint Jean. On ignore comment Monsieur Tréanton se les était procurées. Monsieur Canaday, conformément à sa passion de collectionneur, s’était également présenté comme acquéreur de la chapelle ; il avait également ainsi reconstitué, dans sa propriété de Toledo, près de Détroit, un temple grec (importation d’origine) pierre par pierre, de même qu’une remarquable ferme normande, dont la façade s’ornait de colombages.
Si Mademoiselle Ferré n’avait pas acheté auparavant la chapelle Mélar, elle serait maintenant érigée aux Etats Unis, après avoir été démon- tée pierre par pierre.
En 1977, à la suite du décès de M. Canaday, dont le patrimoine a été vendu aux enchères à New-York, son héritière, Mme Spitzer, épouse d’un professeur d’astronomie bien connu de Princeton, a proposé de restituer au musée de Morlaix, trois statues anciennes des XVe et XVIe siècles en bois polychrome, dont l’une provenait d’une chapelle de Saint-Jean-du-Doigt dédiée à Saint-Mélar et désaffectée en 1930.
Le Mélar de Saint Jean, après restauration, figure désormais en bonne place dans les collections du musée de Morlaix et on pourra à nouveau l’admirer lorsque les travaux de restauration du musée seront achevés.
Le Conseil considérant que cette chapelle et le terrain avoisinant ne sont d’aucune utilité pour la Commune et que leur valeur diminue graduellement faute de réparations demande l’autorisation de vendre, par adjudication publique, la Chapelle de Saint-Melar et le terrain avoisinant et s’engage à affecter le produit de la vente, par moitié, pour l’entretien des chemins vicinaux et des chemins ruraux de la Commune. Le 1er décembre 1929, le maire fait connaître l’avis du service des monuments historiques, lequel ne voit aucun inconvénient à l’aliénation des ruines de la Chapelle Saint-Mélar. Le Conseil décide de faire procéder à la vente de la chapelle et du terrain avoisinant.
Le 6 avril 1930, vente par la commune de Saint-Jean-du-Doigt à Mademoiselle Marianne Ferré, domiciliée à Paris, boulevard Saint-Michel, n° 24, 6e arrondissement (mais également propriétaire d’une maison à St Jean) en la commune de Saint-Jean-du-Doigt:
- une vieille chapelle désaffectée dite "Chapelle Mélar" ...
- une fontaine et une pâture non cadastrée entourant la chapelle et la pâture ci dessus désignés d'une contenance de 4a environ. Mademoiselle Ferré a acquis la chapelle pour la somme de 4600 francs. Le 6 octobre 1943, Mademoiselle Ferré fait attribution à l’Association Diocésaine de Quimper, en la commune de Saint Jean du Doigt, de la chapelle Mélar. Elle est devenue propriété de l’Association Immobilière du Finistère à Quimper, qui gère les biens immobiliers de l’évêché.
En 1937, un milliardaire américain, Monsieur Canaday, avait acquis chez l'antiquaire Tréanton , de Morlaix, certaines statues dont le saint Mélar de la chapelle de Saint Jean. On ignore comment Monsieur Tréanton se les était procurées. Monsieur Canaday, conformément à sa passion de collectionneur, s’était également présenté comme acquéreur de la chapelle ; il avait également ainsi reconstitué, dans sa propriété de Toledo, près de Détroit, un temple grec (importation d’origine) pierre par pierre, de même qu’une remarquable ferme normande, dont la façade s’ornait de colombages.
Si Mademoiselle Ferré n’avait pas acheté auparavant la chapelle Mélar, elle serait maintenant érigée aux Etats Unis, après avoir été démon- tée pierre par pierre.
En 1977, à la suite du décès de M. Canaday, dont le patrimoine a été vendu aux enchères à New-York, son héritière, Mme Spitzer, épouse d’un professeur d’astronomie bien connu de Princeton, a proposé de restituer au musée de Morlaix, trois statues anciennes des XVe et XVIe siècles en bois polychrome, dont l’une provenait d’une chapelle de Saint-Jean-du-Doigt dédiée à Saint-Mélar et désaffectée en 1930.
Le Mélar de Saint Jean, après restauration, figure désormais en bonne place dans les collections du musée de Morlaix et on pourra à nouveau l’admirer lorsque les travaux de restauration du musée seront achevés.
cl. E. Tristan
RESTAURATION
Un jour de printemps 1975, un promeneur découvrait cet humble édifice qui, malgré les blessures que lui avaient infligées le temps et les hommes, gardait un charme accueillant. Cet amoureux du patrimoine prévint Le Télégramme et ce journal lança un appel au secours le 12 juin 1975. Le dimanche 15 juin dans l'après-midi une réunion était organisée à Saint Mélar. C'est le 9 septembre 1975, que le coup d'envoi fut donné pour le sauvetage de ce petit édifice et que l'Association " Les Amis de Mélar " a été créée sous l'impulsion de Jean Noël Moa- lic recteur de Saint-Jean-du-Doigt. M. Camille Colleau, grand spécialiste du patrimoine apporta son concours par ses connaissances historiques. Monsieur François Ruéllou, secrétaire de la mairie de Saint Jean fut le décorateur de la chapelle. Monsieur Guillou a également fait partie de cette équipe ; on lui doit, sur une vitre de la chapelle, une peinture de la vierge. Il a également réalisé un tableau représentant la chapelle. Grâce à l’association et à de nombreux bénévoles, elle a été relevée de ses ruines, de 1975 à 1978.
Cette restauration a été primée par le Conseil Régional
Le pardon annuel, autrefois célébré début octobre, a lieu le dimanche précédant le 15 août. Monsieur Serge Debergue est l’actuel prési- dent de l’association.
Cette restauration a été primée par le Conseil Régional
Le pardon annuel, autrefois célébré début octobre, a lieu le dimanche précédant le 15 août. Monsieur Serge Debergue est l’actuel prési- dent de l’association.
cl. E. Tristan
RÉFLEXIONS A PROPOS DE CETTE CHAPELLE
On peut se demander pourquoi une chapelle a été érigée dans un lieu aussi isolé. La fontaine peut faire penser au lieu d’un ancien culte druidique. Près de cette fontaine, deux parcelles de terre portent le nom de tachen ar coz ilis, c'est-à-dire les parcelles de la vieille église. On sait, en toponymie, que ces mots n’impliquent pas forcément l’emplacement d’une ancienne église, mais prouvent l’existence de ruines très anciennes ; peut-être, en ce lieu isolé, celles d’un ermitage. A proximité, une autre parcelle porte le nom de tachen prat ar sant, c'est-à-dire la prairie du saint. Cet ermitage pourrait alors être celui d’un évangélisateur.
La chapelle Mélar se trouve à mi-pente entre le ruisseau nommé Donant ou Donan et, sur le plateau, le lieu-dit portant le même nom. Certains étymologistes ont affirmé que le nom de Donant, attribué au ruisseau, venait d’un terme très ancien signifiant Vallée Profonde. Si cette explication peut être valable pour le ruisseau, elle l’est moins pour le lieu-dit.
La chapelle Mélar se trouve à mi-pente entre le ruisseau nommé Donant ou Donan et, sur le plateau, le lieu-dit portant le même nom. Certains étymologistes ont affirmé que le nom de Donant, attribué au ruisseau, venait d’un terme très ancien signifiant Vallée Profonde. Si cette explication peut être valable pour le ruisseau, elle l’est moins pour le lieu-dit.
Extrait du cadastre de 1827 cl. E. Tristan
On peut penser à saint Donan. On sait peu de choses sur ce ou ces saints. L’un d’eux a laissé son nom à une commune des Cotes d’Armor. D’après le Dictionnaire des Saints Bretons, de Tchou, cinq saints différents auraient porté ce nom. A la paroisse de Saint-Donan, au diocèse de Saint-Brieuc, la tradition locale rapporte que saint Donan était prêtre et disciple de saint Brieuc au VIe siècle. Il aurait séjourné à Ploufragan et aurait donné son nom à une paroisse du Finistère, située près de Landerneau. Une chapelle, aujourd’hui détruite, était jadis sous son vocable à Plénée-Jugon. Selon Les noms des saints bretons, de J. Loth, Donan serait un saint-évêque d’Ecosse.
Pourquoi l’un d’entre eux ne serait-il pas un compagnon de saint Mériadec ? Ce dernier ayant laissé son nom à la vallée de Saint Jean du Doigt (Traon Meriadec), l’a tre ayant donné son nom au territoire en amont et à la rivière qui le traverse.
Je n’ai malheureusement pas trouvé d’éléments pour confirmer ces hypothèses.
Eric TRISTAN Section patrimoine de l’ULAMIR-CPIE