Chapelle Saint-Nicolas
Cl. P. Virion
Texte paru dans le bulletin municipal de Plougasnou (janvier-février 2013)
Section Patrimoine de l’ULAMIR : Annick Bozec ; Christian Millet.
Association Saint-Nicolas : Yves Bozec, Président.
Section Patrimoine de l’ULAMIR : Annick Bozec ; Christian Millet.
Association Saint-Nicolas : Yves Bozec, Président.
La chapelle Saint-Nicolas avant son sauvetage. cl. C. Millet
La chapelle Saint-Nicolas sauvée
Sur le point d’être frappée par un arrêté de péril, la chapelle Saint-Nicolas a bien failli disparaître du paysage de Plougasnou.
Quelques personnes, émues par cette situation, ont fondé l’ « Association Saint-Nicolas » en vue de la sauver ; ils ont pu ainsi racheter pour l’euro symbolique le sol et les murs de la chapelle à des propriétaires qui ne résident plus dans la commune.
Pour éradiquer le lierre qui rongeait les murs et la toiture, déposer la couverture, et conforter le haut des murs par un chaînage en ciment afin d’éviter les infiltrations d’eau pluviale, il a fallu trouver un financement. Comme le temps pressait, les membres de l’association ont fait effectuer ces premiers travaux sur leurs propres deniers. Puis ils ont fait plus largement appel à deux associations locales qui ont apporté leur contribution et permis d’effectuer d’autres travaux :
· la section « Patrimoine » du Foyer Rural de Plougasnou, connue déjà pour la restauration de l’oratoire Sant-Gelvest en 1997 et la rénovation de la Croix Rouge en 2006.
· la section « Patrimoine de l’ULAMIR-CPIE, Pays de Morlaix », qui intégra cette action dans les onze projets de sauvegarde de petit patrimoine programmés dans les cantons de Lanmeur et de Plouigneau, grâce à la recette de la vente du livre « Mémoires des Hommes », édité par cette section en 2010.
La chapelle, les murs et le clocheton sont momentanément préservés. Il faut désormais trouver les moyens nécessaires pour reconstituer charpente et couverture et refaire la porte et le fenestrage des baies. L’association Saint-Nicolas est ouverte à toute initiative dans ce sens et accueillera avec plaisir toute personne voulant devenir l’un de ses membres (adhésion 10 euros, et les dons sont les bienvenus).
Un peu d’histoire
On ne sait à quelle époque, le premier sanctuaire fut construit.
Vraisemblablement à la fin du Moyen-Âge au regard du patronyme. Saint-Nicolas étant le saint patron des marins et bateliers, cette chapelle a pu être celle des habitants du petit port de Primel. Mais ce saint était aussi celui des enfants ; il existait sur le placître une fontaine à ouverture gothique et statue du saint patron, où l’on plongeait les jeunes afin de fortifier leurs jambes.
Au XVIIIe siècle, Saint-Nicolas est l’une des quatre chapelles paroissiales de Plougasnou. Elle renferme les statues de saint Nicolas, de la sainte Vierge, du Christ et de saint René qu’en septembre 1793 le fabricien Jean Léon doit, pour la décence, faire repeindre « en bon ocre et proportionné à l’art ».
En 1890, la chapelle étant en ruines, il est décidé à la requête de Guillaume Redou, trésorier de la fabrique de vendre ses matériaux. Le procès-verbal du 26 avril 1891détaille les acquéreurs des différents éléments :
· Jean-Olive Lavalou (Bourg) achète une porte et une ferme de la charpente ;
· Jean Gourvil (Kerbiguet), une porte et une poutre ;
· Guillaume Férec (Kermophezezn) des ardoises et une armoire ;
· François Choquer (Bourg) les deux autels ;
· Le Gac (Kerescar) deux poutres ;
· Jean-Marie Parant (Voasveur) des ardoises et une huche ;
· Le Mel (Kerstephan), le devant d’autel et dix panneaux de chêne.
Le tout rapporte à la fabrique 241 francs et 50 centimes.
En 1902, la chapelle est reconstruite vraisemblablement sous l’impulsion d’Hervé Queynec, recteur de Plougasnou de 1901 à 1909. La construction aurait été réalisée par l’entreprise Le Diguer, de Plouegat-Guerrand. Le parti est simple et son architecture sommaire. Quatre statues sulpiciennes, saint Nicolas, la sainte-Vierge, saint Hervé et saint Yves, accompagnées de deux vases en opaline décorent le sanctuaire.
En 1925, existait aux abords de la chapelle un calvaire (dont la construction remonte au XVIe siècle) du sommet duquel provenait un Christ gothique mutilé déposé à l’intérieur de celle-ci. Existaient également deux fontaines consacrées et un lavoir. La fontaine la plus proche de la chapelle était très belle ; dans une niche il y avait une statue de saint Nicolas.
Le socle et le fût du calvaire ont été transférés en 1986 près de la chapelle du Diben.
Quelques témoignages recueillis auprès d’habitants du quartier.
· Annick Le Roux (du Moulin Neuf) rapporte que selon sa grand-mère paternelle, Jeanne-Marie, la dernière messe du pardon a eu lieu en mai 1915, année de sa première communion.
· Marie Colas (de Bodillio), née en 1921 se souvenait de deux fontaines, d’un lavoir et d’une croix ainsi que d’un pardon au moins de mai. Elle fleurissait la chapelle et la veille au soir du pardon il y avait un “ tantad” (feu de joie) , qui était l’occasion d’une fête pour le quartier.
· Jean Féat (du Voasveur), né en 1921 se souvient du pardon mais surtout d’un bal organisé le soir dans la cave de Soaz ar Cosquer, qui tenait café‑épicerie un peu plus haut, à gauche sur la grand route, commerce qui n’existe plus.
· Le couple Grandguyot, ayant acquis Kermarval en 1973 ne se souvient pas d’avoir vu de statues dans la chapelle mais seulement les restes de la grille de l’autel (balustres) ; leurs filles, dès leur arrivée en vacances, balayaient la chapelle et mettaient des fleurs à une Vierge au bras cassé.
· Jeanne Clec’h, née en 1921, dont la famille habitait Kermarval, se rappelle que la chapelle a servi au culte mais a été désaffectée à cause d’un problème d’honoraires de messe que personne ne voulait payer. Elle ne se souvient plus de cette désaffection, ni de celle de la cessation du pardon, mais elle confirme que jusqu’à 1970, l’autel était en place ainsi que la table de Communion.
· En 1965, lorsque les parents de Jean-Claude Breton sont venus s’installer à Saint-Nicolas, la grille d’autel et - semble-t-il – l’autel lui-même et une ou deux statues étaient encore en place. Cette situation a pu perdurer au-delà des années 1970.
· Renan Deunff, grand-père maternel de JC Breton, évoquait volontiers sa naissance le 8 mai 1886 au Quélen proche. Il racontait que, pendant le pardon battait son plein « les sonneurs jouaient pendant que sa mère accouchait ». Il parlait de l’ancienne chapelle, probablement déjà en ruine, et s’appuyait sur les témoignages de sa propre grand-mère, Catherine Bagoll, qui avait construit « de ses propres mains » la maison du Quélen et y tenait bistrot. Une maîtresse femme qui fumait la pipe. Il évoquait également le chemin passant devant la chapelle et qui reliait, et le long duquel les jeunes gens faisaient « chinadeg » (manière de faire la cour aux jeunes filles).
N’hésitez pas à nous faire part de vos témoignages, anecdotes, photos, documents d’archives et autres se rapportant à la chapelle Saint-Nicolas.
On ne sait à quelle époque, le premier sanctuaire fut construit.
Vraisemblablement à la fin du Moyen-Âge au regard du patronyme. Saint-Nicolas étant le saint patron des marins et bateliers, cette chapelle a pu être celle des habitants du petit port de Primel. Mais ce saint était aussi celui des enfants ; il existait sur le placître une fontaine à ouverture gothique et statue du saint patron, où l’on plongeait les jeunes afin de fortifier leurs jambes.
Au XVIIIe siècle, Saint-Nicolas est l’une des quatre chapelles paroissiales de Plougasnou. Elle renferme les statues de saint Nicolas, de la sainte Vierge, du Christ et de saint René qu’en septembre 1793 le fabricien Jean Léon doit, pour la décence, faire repeindre « en bon ocre et proportionné à l’art ».
En 1890, la chapelle étant en ruines, il est décidé à la requête de Guillaume Redou, trésorier de la fabrique de vendre ses matériaux. Le procès-verbal du 26 avril 1891détaille les acquéreurs des différents éléments :
· Jean-Olive Lavalou (Bourg) achète une porte et une ferme de la charpente ;
· Jean Gourvil (Kerbiguet), une porte et une poutre ;
· Guillaume Férec (Kermophezezn) des ardoises et une armoire ;
· François Choquer (Bourg) les deux autels ;
· Le Gac (Kerescar) deux poutres ;
· Jean-Marie Parant (Voasveur) des ardoises et une huche ;
· Le Mel (Kerstephan), le devant d’autel et dix panneaux de chêne.
Le tout rapporte à la fabrique 241 francs et 50 centimes.
En 1902, la chapelle est reconstruite vraisemblablement sous l’impulsion d’Hervé Queynec, recteur de Plougasnou de 1901 à 1909. La construction aurait été réalisée par l’entreprise Le Diguer, de Plouegat-Guerrand. Le parti est simple et son architecture sommaire. Quatre statues sulpiciennes, saint Nicolas, la sainte-Vierge, saint Hervé et saint Yves, accompagnées de deux vases en opaline décorent le sanctuaire.
En 1925, existait aux abords de la chapelle un calvaire (dont la construction remonte au XVIe siècle) du sommet duquel provenait un Christ gothique mutilé déposé à l’intérieur de celle-ci. Existaient également deux fontaines consacrées et un lavoir. La fontaine la plus proche de la chapelle était très belle ; dans une niche il y avait une statue de saint Nicolas.
Le socle et le fût du calvaire ont été transférés en 1986 près de la chapelle du Diben.
Quelques témoignages recueillis auprès d’habitants du quartier.
· Annick Le Roux (du Moulin Neuf) rapporte que selon sa grand-mère paternelle, Jeanne-Marie, la dernière messe du pardon a eu lieu en mai 1915, année de sa première communion.
· Marie Colas (de Bodillio), née en 1921 se souvenait de deux fontaines, d’un lavoir et d’une croix ainsi que d’un pardon au moins de mai. Elle fleurissait la chapelle et la veille au soir du pardon il y avait un “ tantad” (feu de joie) , qui était l’occasion d’une fête pour le quartier.
· Jean Féat (du Voasveur), né en 1921 se souvient du pardon mais surtout d’un bal organisé le soir dans la cave de Soaz ar Cosquer, qui tenait café‑épicerie un peu plus haut, à gauche sur la grand route, commerce qui n’existe plus.
· Le couple Grandguyot, ayant acquis Kermarval en 1973 ne se souvient pas d’avoir vu de statues dans la chapelle mais seulement les restes de la grille de l’autel (balustres) ; leurs filles, dès leur arrivée en vacances, balayaient la chapelle et mettaient des fleurs à une Vierge au bras cassé.
· Jeanne Clec’h, née en 1921, dont la famille habitait Kermarval, se rappelle que la chapelle a servi au culte mais a été désaffectée à cause d’un problème d’honoraires de messe que personne ne voulait payer. Elle ne se souvient plus de cette désaffection, ni de celle de la cessation du pardon, mais elle confirme que jusqu’à 1970, l’autel était en place ainsi que la table de Communion.
· En 1965, lorsque les parents de Jean-Claude Breton sont venus s’installer à Saint-Nicolas, la grille d’autel et - semble-t-il – l’autel lui-même et une ou deux statues étaient encore en place. Cette situation a pu perdurer au-delà des années 1970.
· Renan Deunff, grand-père maternel de JC Breton, évoquait volontiers sa naissance le 8 mai 1886 au Quélen proche. Il racontait que, pendant le pardon battait son plein « les sonneurs jouaient pendant que sa mère accouchait ». Il parlait de l’ancienne chapelle, probablement déjà en ruine, et s’appuyait sur les témoignages de sa propre grand-mère, Catherine Bagoll, qui avait construit « de ses propres mains » la maison du Quélen et y tenait bistrot. Une maîtresse femme qui fumait la pipe. Il évoquait également le chemin passant devant la chapelle et qui reliait, et le long duquel les jeunes gens faisaient « chinadeg » (manière de faire la cour aux jeunes filles).
N’hésitez pas à nous faire part de vos témoignages, anecdotes, photos, documents d’archives et autres se rapportant à la chapelle Saint-Nicolas.
La fontaine de Saint-Nicolas en 1903.
L’eau de Saint-Nicolas
Entre 1941 et 1944, l’armée allemande se faisait transporter de l’eau de la fontaine Saint-Nicolas à Ruffelic où elle avait pris possession du site dans le cadre de la construction du mur de l’Atlantique. Certains se souviennent encore de la noria de voitures à cheval équipées d’une citerne, conduites par des gens réquisitionnés, et qui faisaient la navette à longueur de journée.
Jusqu’à sa démolition, combien de laveuses du quartier se sont rendues régulièrement au lavoir de St Nicolas pour faire leur lessive !
L’eau était claire et potable! Elle était si bonne que la municipalité décida de faire construire dans les années 60 à Saint Nicolas une station de pompage pour la desserte en eau de la commune de Plougasnou.
Mais cette construction imposa un réaménagement du site et la la topographie des lieux s’en trouva modifiée.
Où sont passées les pierres des fontaines et les grandes pierres plates du lavoir ? Peu à peu le site s’est retrouvé à l’abandon, les propriétaires n’ayant ni les moyens ni la volonté de sauver ce qui pouvait l’être.
Saint-Nicolas peut revivre. C’est à nous de le vouloir.
Entre 1941 et 1944, l’armée allemande se faisait transporter de l’eau de la fontaine Saint-Nicolas à Ruffelic où elle avait pris possession du site dans le cadre de la construction du mur de l’Atlantique. Certains se souviennent encore de la noria de voitures à cheval équipées d’une citerne, conduites par des gens réquisitionnés, et qui faisaient la navette à longueur de journée.
Jusqu’à sa démolition, combien de laveuses du quartier se sont rendues régulièrement au lavoir de St Nicolas pour faire leur lessive !
L’eau était claire et potable! Elle était si bonne que la municipalité décida de faire construire dans les années 60 à Saint Nicolas une station de pompage pour la desserte en eau de la commune de Plougasnou.
Mais cette construction imposa un réaménagement du site et la la topographie des lieux s’en trouva modifiée.
Où sont passées les pierres des fontaines et les grandes pierres plates du lavoir ? Peu à peu le site s’est retrouvé à l’abandon, les propriétaires n’ayant ni les moyens ni la volonté de sauver ce qui pouvait l’être.
Saint-Nicolas peut revivre. C’est à nous de le vouloir.
Vidéo : association Saint-Nicolas.
________________________________________________________________________________________________________________