Restauration des croix de Kergreis et de Saint-Georges
C. Millet, F. Raoult, J. Kerhervé, N. Bernard et J-F Joly, devant la croix, à Kerangroas. ( cliché : V. Lancien
A l'Est du bourg, près de l'oratoire N-D de Lorette, se dresse la croix de Kergreis. Quant à la croix de St-Georges, située entre Plougasnou et Kermouster, elle domine le carrefour de la D 46 et des routes de Kersaint et Mesquault.
Ces deux plus belles croix de la commune Plougasnou témoignent de la qualité des tailleurs de pierre qui ont œuvré dans notre région. La croix de St-Georges, en kersanton, date de 1588 mais son fût en granit est bien antérieur (1425)[1]. Au revers du Christ en croix dont la barbe et les moustaches sont de type Henri IV, la Vierge couronnée porte l'enfant Jésus. Mais ce qui singularise le plus cette croix, c'est l'iconographie de son nœud : d'un côté figure les cinq plaies du Christ et de l'autre Véronique présentant la Sainte Face. Si le nom de l'artiste demeure inconnu, son œuvre est de qualité. Dans les communes avoisinantes, nous pouvons observer plusieurs autres croix stylistiquement proches, notamment celle du cimetière de la commune de Guimaëc. A proximité de l'emplacement actuel de la croix, l'abbesse de Saint-Georges de Rennes avait érigé un prieuré, suite au don de la paroisse de Plougasnou reçu de la duchesse Berthe de Bretagne et son fils Conan, en 1039[2]. De ce puissant prieuré, il ne reste de nos jours que quelques traces : le quartier de Saint-Georges, le lieu-dit Abadez (L'Abbesse) où tournait encore un moulin au XIXème siècle, et le carrefour de Kroas ar Merdy (la croix de l'intendant). Initialement implantée à proximité du manoir, au sud de Kermouster, la croix à un croisillon de Kergreis, en kersanton, date de 1598. Elle fut donnée à la commune par les familles Charles et Picart. L'œuvre est attribuée au Maître de Plougastel[3] qui intervient juste après les guerres de la Ligue (1588 – 1598) et la peste de 1598[4] qui a décimé la Bretagne et plus particulièrement la commune. Aussi, son art est empreint d'impassibilité, de sérénité et d'une note d'intériorité froide. Les visages, tous de front, secs de toutes larmes portent la marque des atrocités et des souffrances physiques de ces guerres. Ces deux croix portaient les stigmates des quatre siècles d'histoire: têtes disparues, buste fendu, membres cassés et parfois remplacés par des tiges métalliques, partie supérieure des croix (titulus) absente ou consolidée par un anneau de fer,… L'Association Patrimoine de Plougasnou s'était émue de cette situation et avait décidé d'entreprendre la restauration de ces croix en faisant appel à un homme de l'art, Mr Joël Kerhervé, recommandé par l’abbé Yves-Pascal Castel et monsieur Olivier Thomas architecte des Bâtiments de France. Afin de mener à bien cette restauration, l'association a bénéficié du concours financier de la commune de Plougasnou, propriétaire des croix, de Morlaix communauté et le la Section Patrimoine de l'ULAMIR. Les croix ont été réceptionnées le 27 juillet en présence de Mme Françoise Raoult, Vice-présidente de Morlaix communauté en charge de la culture, de Mme Nathalie Bernard, Maire de Plougasnou, et de Monsieur Joël Kerhervé, artisan tailleur de Pierre. [1] La date de 1588 figure sur le nœud de la croix ; celle de 1425, en gothique sur un pan du fût, est accompagnée d'une autre inscription à ce jour non déchiffrée. [2] Cartulaire de Saint-Georges de Rennes (charte XVIII pp. 118 – 119) [3] Pour différencier les œuvres anonymes, les historiens d’art ont pris comme habitude d’accoler au terme de Maître son œuvre la plus célèbre. Le calvaire de Plougastel‑Daoulas constitue son œuvre phare. [4] La date de 1598 figure à la base du fût de la croix. |
Croix de St-Georges.
Vierge à l'Enfant portant une couronne fleurdelisée. La tête de l'enfant Jésus a été refaite, ainsi que le titulus et les bras du Christ en croix.
Croix de Kergreis.
La tête de St-Jean a été refaite, ainsi que le titulus.
Joël Kerhervé dans son atelier à Lannedern
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