Vie de l'association en 2023
15 décembre 2023 : conférence : L’Intelligence artificielle, par Erwan Comte, ingénieur ESE et juriste spécialisé en droit des nouvelles technologies.
Cl. Patrick Virion
________________________________________________________________________________________________________________
17 novembre 2023 : conférence : Le Général Paul Maistre, par l’amiral Bernard Brun.
Cl. Patrick Virion
________________________________________________________________________________________________________________
27 octobre 2023 : conférence : Histoires d’eaux, par Olivier Gilard, ingénieur des Ponts, des Eaux et Forêts.
Quelques liens pour prolonger la conférence :
https://www.eaufrance.fr/
http://www.pedag-eau.fr/
https://www.afd.fr/fr/inondations-mieux-vaut-prevenir- gilard
https://www.youtube.com/watch?v=wpnfH-YDQ34
http://www.ppwsa.com.kh/en/
https://www.afd.fr/fr/ressources/la-regie-des-eaux-de- phnom-penh-un-modele-de-gestion-publique-efficace
https://www.afd.fr/fr/ressources/revue-des- conditionnalites-des-projets-eau-et-assainissement-visant- lamelioration-des-cadres-sectoriels-nationaux
https://youtu.be/SbnMbJ76a3M
www.arraa.org
https://www.youtube.com/watch?v=Z7o1Zp7K2H8
https://www.youtube.com/watch?v=PfAcKt6xmzw
https://www.youtube.com/watch?v=SN_Ry94GrU0
https://www.youtube.com/watch?v=B4dOea__kr8
https://www.youtube.com/watch?v=Dty9SEMIKrM0
https://www.youtube.com/watch?v=8sdIznLcEYo
https://theconversation.com/quelle-est-lorigine-de- leau-sur-terre-179722
https://www.eaufrance.fr/
________________________________________________________________________________________________________________
Vendredi 9 juin 2023 : sortie annuelle à Guingamp
Cl. Patrick Virion
________________________________________________________________________________________________________________
Vendredi 17 mars : Ballade d'un architecte, conférence de Christian Millet.
En ce mois de mars 2023, le Patrimoine de Plougasnou vous convie à parcourir l’architecture du XXe et XXIe siècles. Cette conférence n’est pas un exposé d’historien de l’art mais l’approche émotionnelle d’un architecte, Christian Millet, à travers ses recherches, ses interrogations et ses diverses sensations.
Le cadre reste néanmoins chronologique, de l’Art Nouveau de Victor Horta ou d’Hector Guimard jusqu’aux dernières réalisations de Christian de Portzamparc ou de Zaha Hadid, en passant par les figures emblématiques de Frank Lloyd Wright, Le Corbusier, Mies Van den Rohe, Norman Foster et autres.
L’exposé se termine par la présentation d’un chantier auquel Christian Millet a participé, le musée de la garde nationale saoudienne à Riyadh, montrant la complexité de l’œuvre architecturale et les enjeux soulevés par ses multiples intervenants.
Le cadre reste néanmoins chronologique, de l’Art Nouveau de Victor Horta ou d’Hector Guimard jusqu’aux dernières réalisations de Christian de Portzamparc ou de Zaha Hadid, en passant par les figures emblématiques de Frank Lloyd Wright, Le Corbusier, Mies Van den Rohe, Norman Foster et autres.
L’exposé se termine par la présentation d’un chantier auquel Christian Millet a participé, le musée de la garde nationale saoudienne à Riyadh, montrant la complexité de l’œuvre architecturale et les enjeux soulevés par ses multiples intervenants.
Le Corbusier : chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp. 1955.
Cl. Patrick Virion
________________________________________________________________________________________________________________
Vendredi 24 février 2023 : Les arbres remarquables de Bretagne, conférence de Mickaël Jézégou,
à la salle Kasino de Saint Saint-Jean-du-Doigt.
à la salle Kasino de Saint Saint-Jean-du-Doigt.
Cl. Patrick Virion
Cl. Yannick Morhan
La Bretagne est riche d’arbres insolites, exotiques et sacrés parmi les plus anciens d’Europe. Ils évoquent la marque d’un lieu, expriment des faits historiques et des voyages au long cours. Ils témoignent également de légendes, de cultes anciens et d’œuvres artistiques. Ces arbres constituent une identité et un héritage à la frontière entre la botanique et la culture. Ce patrimoine vivant reste pourtant méconnu. A travers plusieurs histoires d’arbres et d’hommes, cette conférence a invité à la rencontre avec ce patrimoine végétal hors du commun, source d’émotion. Elle était animée par Mickaël Jézégou, technicien forestier, passionné et connaisseur des arbres anciens. Originaire du Finistère, il est l’auteur de plusieurs livres sur le sujet : Arbres remarquables en Bretagne (Biotope) et Arbres remarquables du Finistère (Locus Solus)...
________________________________________________________________________________________________________________
13 janvier 2023 : L’île rebelle, Madagascar 1947, conférence par Anne Guillou.
Salle Kasino de Saint-Jean-du-Doigt.
Salle Kasino de Saint-Jean-du-Doigt.
Cl. Patrick Virion
Insurrection et répression à Madagascar en 1947
1 – La colonisation
Ce qu’on a longtemps appelé les « évènements de Madagascar en 1947 », dissimule, en réalité, une insurrection populaire qui éclata cette année-là le 29 mars. Colonie française depuis 1895, Madagascar a connu le statut de pays asservi, soumis à une domination armée, sociale et économique, jusqu’à l’indépendance en 1960. Deux éléments ont plaidé pour la conquête de cette grande île, dont la superficie équivaut à celle de la France et la Belgique réunies.
Située en zone tropicale, les climats y sont variés, favorables à une production de riz, de café, de manioc, de canne à sucre, de vanille, et autres ressources agricoles. Les sous-sols recèlent du cuivre, du graphite, de l’uranium, du charbon, du mica. C’était l’un des atouts de ce territoire tardivement conquis par la France. Un second élément plaidait pour une mainmise française sur l’île. Sa position stratégique en faisait une vigie au débouché de l’Océan Indien, parcouru par toutes les grandes compagnies commerciales dès le XVIIIè siècle.
Au moment de la conquête, Madagascar est déjà une société structurée. La royauté malgache est reconnue en Europe. Le parlement, l’armée, l’administration, les écoles en font une nation moderne qui poursuit son unification en soumettant les ethnies périphériques à l’autorité de Tananarive. Madagascar compte 18 ethnies. L’Église anglicane et l’Église catholique se concurrencent dans la conquête des âmes depuis le XVIIIè siècle.
L’occupation de Madagascar a connu son temps de « pacification » : 15 années tragiques où la force armée française, sous l’autorité des généraux Galliéni et Lyautey, vint à bout des résistances du peuple malgache. Puis, grâce au travail forcé, la colonie s’enrichit d’infrastructures, routes et chemins de fer, pendant que des terres sont distribuées aux colons et aux sociétés. « Sujets français » mais non « citoyens français », les Malgaches sont soumis au Code de l’indigénat, ensemble de règles contraignantes destinées à assurer la mainmise ordonnée sur l’île. Contrairement à l’Algérie, Madagascar n’est pas une colonie de peuplement. Des cohortes de fonctionnaires et de militaires y séjournent, pendant que des colons s’y installent à demeure. Au moment de l’insurrection, on estime à 40 000 le nombre de Français en place.
Ce qu’on a longtemps appelé les « évènements de Madagascar en 1947 », dissimule, en réalité, une insurrection populaire qui éclata cette année-là le 29 mars. Colonie française depuis 1895, Madagascar a connu le statut de pays asservi, soumis à une domination armée, sociale et économique, jusqu’à l’indépendance en 1960. Deux éléments ont plaidé pour la conquête de cette grande île, dont la superficie équivaut à celle de la France et la Belgique réunies.
Située en zone tropicale, les climats y sont variés, favorables à une production de riz, de café, de manioc, de canne à sucre, de vanille, et autres ressources agricoles. Les sous-sols recèlent du cuivre, du graphite, de l’uranium, du charbon, du mica. C’était l’un des atouts de ce territoire tardivement conquis par la France. Un second élément plaidait pour une mainmise française sur l’île. Sa position stratégique en faisait une vigie au débouché de l’Océan Indien, parcouru par toutes les grandes compagnies commerciales dès le XVIIIè siècle.
Au moment de la conquête, Madagascar est déjà une société structurée. La royauté malgache est reconnue en Europe. Le parlement, l’armée, l’administration, les écoles en font une nation moderne qui poursuit son unification en soumettant les ethnies périphériques à l’autorité de Tananarive. Madagascar compte 18 ethnies. L’Église anglicane et l’Église catholique se concurrencent dans la conquête des âmes depuis le XVIIIè siècle.
L’occupation de Madagascar a connu son temps de « pacification » : 15 années tragiques où la force armée française, sous l’autorité des généraux Galliéni et Lyautey, vint à bout des résistances du peuple malgache. Puis, grâce au travail forcé, la colonie s’enrichit d’infrastructures, routes et chemins de fer, pendant que des terres sont distribuées aux colons et aux sociétés. « Sujets français » mais non « citoyens français », les Malgaches sont soumis au Code de l’indigénat, ensemble de règles contraignantes destinées à assurer la mainmise ordonnée sur l’île. Contrairement à l’Algérie, Madagascar n’est pas une colonie de peuplement. Des cohortes de fonctionnaires et de militaires y séjournent, pendant que des colons s’y installent à demeure. Au moment de l’insurrection, on estime à 40 000 le nombre de Français en place.
2 – L’insurrection
La révolte a été préparée au sein de partis politiques plus ou moins secrets (Panama, Jiny) aiguisant dans la population le désir d’indépendance. Plus tardif, le MRDM (Mouvement démocratique de rénovation malgache), parti reconnu en 1946, a été forgé par les intellectuels malgaches, favorables également à l’indépendance mais rejetant le combat armé. Les rebelles ont été encouragés et soumis aux rites de protection par des sorciers, rites qui s’avéreront dérisoires face à une armée moderne.
L’insurrection éclate au mois de mars 1947 et coïncide avec d’autres soulèvements, en Algérie (Sétif, 1945), en Indochine (1946). La révolte part de la côte est et l’ambition des insurgés est d’obtenir, par la lutte armée, l’indépendance de Madagascar. Constituée de paysans, commerçants, employés, chefs d’entreprise malgache, encadrés par d’anciens militaires malgaches, mobilisés en 1939, revenus dans leur pays en 1945 ou 46, la rébellion s’attaque aux postes de police et de gendarmerie afin de se procurer des armes. Car l’armement des révoltés, fusils de chasse, sagaies, machettes, est modeste face à l’armée française. La ville de Manakara, sur la côte sud-est, est le point de départ de la lutte qui progresse vers Tamatave, Fianarantsoa et la capitale selon un quadrilatère s’étendant sur 200 kilomètres de profondeur, sans pouvoir atteindre Tananarive.
La révolte a été préparée au sein de partis politiques plus ou moins secrets (Panama, Jiny) aiguisant dans la population le désir d’indépendance. Plus tardif, le MRDM (Mouvement démocratique de rénovation malgache), parti reconnu en 1946, a été forgé par les intellectuels malgaches, favorables également à l’indépendance mais rejetant le combat armé. Les rebelles ont été encouragés et soumis aux rites de protection par des sorciers, rites qui s’avéreront dérisoires face à une armée moderne.
L’insurrection éclate au mois de mars 1947 et coïncide avec d’autres soulèvements, en Algérie (Sétif, 1945), en Indochine (1946). La révolte part de la côte est et l’ambition des insurgés est d’obtenir, par la lutte armée, l’indépendance de Madagascar. Constituée de paysans, commerçants, employés, chefs d’entreprise malgache, encadrés par d’anciens militaires malgaches, mobilisés en 1939, revenus dans leur pays en 1945 ou 46, la rébellion s’attaque aux postes de police et de gendarmerie afin de se procurer des armes. Car l’armement des révoltés, fusils de chasse, sagaies, machettes, est modeste face à l’armée française. La ville de Manakara, sur la côte sud-est, est le point de départ de la lutte qui progresse vers Tamatave, Fianarantsoa et la capitale selon un quadrilatère s’étendant sur 200 kilomètres de profondeur, sans pouvoir atteindre Tananarive.
3 – La répression
Surpris par la violence de la révolte, le Haut-Commissaire fait diriger, dès fin mai début juin, des renforts aériens, maritimes et terrestres (paras et légion) vers la Grande Ile. Bombardements, contre-guérilla dans la forêt, puis appel à la reddition viennent à bout des insurgés. Beaucoup ont été tués, des chefs ont disparu, l’accablement gagne les révoltés. Ceux qui se rendent sont appelés à une cérémonie de « pardon » où ils renoncent à toute velléité de révolte.
Le conflit a déplacé 1 700 000 Malgaches, détruit des rizières, anéanti le cheptel qui a nourri les combattants, tué 89 000 hommes, sans oublier des femmes qui ont suivi leur mari dans la forêt ou ont été victimes de répression. Le Tribunal Militaire ordinaire et le tribunal spécial ont dû juger 40 000 combattants arrêtés, 20 000 ont été relaxés. Condamnés à mort, les leaders intellectuels ont vu leur peine commuée en travaux forcés au camp de Nosi-Lava au nord-ouest de Madagascar. Jacques Rabemanandjara, leur leader, finira sa peine aux Baumettes à Marseille, puis sera amnistié en 1956. Une quarantaine d’exécutions, des dizaines de condamnations aux travaux forcés, des centaines d’emprisonnements, des déportations sanctionneront les meneurs.
Des deux côtés, la révolte de Madagascar laisse un sentiment d’échec. L’armée et l’administration françaises se garderont de répercuter, en métropole, ce conflit qui fit quelques centaines de morts du côté français, civils et militaires. Du côté malgache, les survivants ruminent leur accablement de colonisés vaincus. « La colonisation nous a versés dans la honte, la honte de devoir survivre comme des bêtes, la honte d’avoir assisté à la décomposition de nos sociétés, de nos corps », dit un ancien rebelle. « C’était un suicide », dira un autre. Les insurgés qui ont survécu au combat, seront longtemps entourés de silence, un silence empreint de méfiance, d’incompréhension, de réprobation.
Anne Guillou, sociologue.
Voir l’excellent travail de recherche de Jacques Tronchon : L’insurrection malgache de 1947, éditions Karthala, 1986.
Surpris par la violence de la révolte, le Haut-Commissaire fait diriger, dès fin mai début juin, des renforts aériens, maritimes et terrestres (paras et légion) vers la Grande Ile. Bombardements, contre-guérilla dans la forêt, puis appel à la reddition viennent à bout des insurgés. Beaucoup ont été tués, des chefs ont disparu, l’accablement gagne les révoltés. Ceux qui se rendent sont appelés à une cérémonie de « pardon » où ils renoncent à toute velléité de révolte.
Le conflit a déplacé 1 700 000 Malgaches, détruit des rizières, anéanti le cheptel qui a nourri les combattants, tué 89 000 hommes, sans oublier des femmes qui ont suivi leur mari dans la forêt ou ont été victimes de répression. Le Tribunal Militaire ordinaire et le tribunal spécial ont dû juger 40 000 combattants arrêtés, 20 000 ont été relaxés. Condamnés à mort, les leaders intellectuels ont vu leur peine commuée en travaux forcés au camp de Nosi-Lava au nord-ouest de Madagascar. Jacques Rabemanandjara, leur leader, finira sa peine aux Baumettes à Marseille, puis sera amnistié en 1956. Une quarantaine d’exécutions, des dizaines de condamnations aux travaux forcés, des centaines d’emprisonnements, des déportations sanctionneront les meneurs.
Des deux côtés, la révolte de Madagascar laisse un sentiment d’échec. L’armée et l’administration françaises se garderont de répercuter, en métropole, ce conflit qui fit quelques centaines de morts du côté français, civils et militaires. Du côté malgache, les survivants ruminent leur accablement de colonisés vaincus. « La colonisation nous a versés dans la honte, la honte de devoir survivre comme des bêtes, la honte d’avoir assisté à la décomposition de nos sociétés, de nos corps », dit un ancien rebelle. « C’était un suicide », dira un autre. Les insurgés qui ont survécu au combat, seront longtemps entourés de silence, un silence empreint de méfiance, d’incompréhension, de réprobation.
Anne Guillou, sociologue.
Voir l’excellent travail de recherche de Jacques Tronchon : L’insurrection malgache de 1947, éditions Karthala, 1986.