Geoffroy de l’ISLE et Yves de KERMARTIN (Saint-Yves)
Armoiries de l’Isle : bandé d’or et d’azur de six pièces, au canton dextre de gueulex, chargé d’une fleur de lys d’argent. Devise ; à chacun son rang. L'Isle sur le cadastre de 1826.
L'Isle, lieu-dit situé aujourd'hui dans la commune de Saint-Jean-du-Doigt, fut autrefois le siège d’une des principales seigneuries de Plougasnou. La réformation de 1445 recense « un noble manoir d’ancessorie et de grant estendue de terre ». À cette époque Denise, héritière de l'Isle, en épousant Guyomarc'h de La Haye, fait passer le fief dans les possessions de cette dernière famille. Il en reste des logis très remaniés.
Vers 1300, le manoir est témoin d’un événement mémorable : Geoffroy, seigneur de l'Isle (Gaufridis de Insula), né vers 1252, reçoit et héberge à plusieurs reprises dans sa demeure, Yves Hélory de Kermartin, le futur saint Yves.
Ces deux personnages s’étaient connus à Tréguier lors d'un procès entre Geoffroy et son beau-fils, Raoul Portier de Lanmeur, condisciple d’Yves aux universités de Paris et d’Orléans. Une transaction amiable, suggérée par Yves, avait permis de régler le contentieux.
Ces deux personnages s’étaient connus à Tréguier lors d'un procès entre Geoffroy et son beau-fils, Raoul Portier de Lanmeur, condisciple d’Yves aux universités de Paris et d’Orléans. Une transaction amiable, suggérée par Yves, avait permis de régler le contentieux.
Voici les faits relatés par Geoffroy de l’Isle, témoin lors du procès de canonisation de saint Yves, en 1330
« Il est arrivé que j’avais depuis longtemps un procès avec maître Raoul Portier, clerc de Lanmeur, du diocèse de Dol, et Jacques, son frère, lesquels étaient fils de ma femme. Et personne ne pouvait arriver à nous mettre d’accord. Or un jour, moi et ma femme, et les fils de ma femme, nous nous trouvions dans l’église de Tréguier. Dom Yves me dit à peu près ceci : « Geoffroy, pour l’amour de Dieu, faites la paix, vous et votre femme, avec les fils de votre femme ; car, moi, si cela vous agrée, je réglerai les choses à l’amiable entre eux et vous. Et j’ai répondu ceci en substance à dom Yves : «Nous ne voulons d’autre paix que celle que nous donneront le droit et la justice».
Dom Yves nous répondit alors, à moi et à mon épouse : «Attendez que je revienne vous trouver, car je vais célébrer la messe du Saint- Esprit et demander à Dieu de pouvoir restaurer entre vous des accords de paix». Dom Yves célébra cette messe, et revint nous trouver tous les deux, et nous ne pûmes d’aucune façon nous opposer à sa volonté. Bien plus nous lui dîmes : «Messire, pour ce qui est du différend qui nous concerne, faites absolument ce que vous voulez». Il m’apparut que les prières de dom Yves avaient changé nos dispositions intérieures et que Dieu voulait faire la paix entre nous sur cette affaire par dom Yves. C’était évident pour moi : Yves en effet disait qu’il demandait à Dieu d’arriver à mettre la paix entre nous, et moi auparavant je n’avais pas voulu y consentir. C’était dom Yves qui avait alors rétabli totalement la paix entre les plaignants que nous étions ». [Témoin n°13, op. cit.].
Ce témoignage est retenu dans le procès de canonisation car il semble exceptionnel ; l’affaire opposant les deux parties est réglée définitivement sans être jugée, ce qui semblait à priori irréalisable. Le charisme d’Yves de Kermartin a suffi à concilier les plaideurs potentiels. Raoul Portier témoigne ainsi :
« Il s’efforçait avant toutes choses d’amener les parties qui avaient un différend à établir la paix. Je l’ai vu agir de cette façon fréquemment et c’est ce que m’ont rapporté plusieurs personnes dignes de foi ». [Témoin n°12, op. cit.]
Yves de Kermartin est alors depuis 1284, official de Tréguier exerçant le pouvoir judiciaire de l’évêque. En 1292, il est nommé recteur de Louannec. Bon orateur, il se déplace constamment dans l’évêché pour prêcher, dans une pratique proche de celle des ordres mendiants. C’est tout naturellement qu’il se fait héberger par des personnes amies qui apprécient son savoir et son comportement d’esthète.
Dans le Trégor finistérien, outre le manoir de l’Isle en Plougasnou, il est reçu par la mère de Pierre de Lanmeur dans le manoir du Cosquer à Lanmeur et visite à plusieurs reprises Plaisiou de Pestivien, veuve d’Henri Charruel, au manoir de La Ferté en Plouigneau.
« Il est arrivé que j’avais depuis longtemps un procès avec maître Raoul Portier, clerc de Lanmeur, du diocèse de Dol, et Jacques, son frère, lesquels étaient fils de ma femme. Et personne ne pouvait arriver à nous mettre d’accord. Or un jour, moi et ma femme, et les fils de ma femme, nous nous trouvions dans l’église de Tréguier. Dom Yves me dit à peu près ceci : « Geoffroy, pour l’amour de Dieu, faites la paix, vous et votre femme, avec les fils de votre femme ; car, moi, si cela vous agrée, je réglerai les choses à l’amiable entre eux et vous. Et j’ai répondu ceci en substance à dom Yves : «Nous ne voulons d’autre paix que celle que nous donneront le droit et la justice».
Dom Yves nous répondit alors, à moi et à mon épouse : «Attendez que je revienne vous trouver, car je vais célébrer la messe du Saint- Esprit et demander à Dieu de pouvoir restaurer entre vous des accords de paix». Dom Yves célébra cette messe, et revint nous trouver tous les deux, et nous ne pûmes d’aucune façon nous opposer à sa volonté. Bien plus nous lui dîmes : «Messire, pour ce qui est du différend qui nous concerne, faites absolument ce que vous voulez». Il m’apparut que les prières de dom Yves avaient changé nos dispositions intérieures et que Dieu voulait faire la paix entre nous sur cette affaire par dom Yves. C’était évident pour moi : Yves en effet disait qu’il demandait à Dieu d’arriver à mettre la paix entre nous, et moi auparavant je n’avais pas voulu y consentir. C’était dom Yves qui avait alors rétabli totalement la paix entre les plaignants que nous étions ». [Témoin n°13, op. cit.].
Ce témoignage est retenu dans le procès de canonisation car il semble exceptionnel ; l’affaire opposant les deux parties est réglée définitivement sans être jugée, ce qui semblait à priori irréalisable. Le charisme d’Yves de Kermartin a suffi à concilier les plaideurs potentiels. Raoul Portier témoigne ainsi :
« Il s’efforçait avant toutes choses d’amener les parties qui avaient un différend à établir la paix. Je l’ai vu agir de cette façon fréquemment et c’est ce que m’ont rapporté plusieurs personnes dignes de foi ». [Témoin n°12, op. cit.]
Yves de Kermartin est alors depuis 1284, official de Tréguier exerçant le pouvoir judiciaire de l’évêque. En 1292, il est nommé recteur de Louannec. Bon orateur, il se déplace constamment dans l’évêché pour prêcher, dans une pratique proche de celle des ordres mendiants. C’est tout naturellement qu’il se fait héberger par des personnes amies qui apprécient son savoir et son comportement d’esthète.
Dans le Trégor finistérien, outre le manoir de l’Isle en Plougasnou, il est reçu par la mère de Pierre de Lanmeur dans le manoir du Cosquer à Lanmeur et visite à plusieurs reprises Plaisiou de Pestivien, veuve d’Henri Charruel, au manoir de La Ferté en Plouigneau.
Yves Hélory de Kermartin est né vers 1250; il fait ses études à Paris (droit canon) et à Orléans (droit civil) où il se lie d'amitié avec plusieurs de ses compatriotes dont Raoul Portier.
En 1284, l'évêque Jean de Bruc le rappelle à Tréguier pour l'ordonner prêtre et le faire recteur de Trédrez et official du diocèse. La manière dont il exerçait son ministère le fait surnommer "l'Avocat des Pauvres". Il étonne ses paroissiens en prêchant en breton et non en latin. Il est souvent représenté avec une bourse dans une main, pour signifier tout l'argent qu'il a donné aux pauvres dans sa vie, et un parchemin dans l'autre, qui rappelle sa charge de juge ecclésiastique. Il est également souvent figuré entre un homme riche et un homme pauvre. Il meurt en 1303 et est canonisé après 1330. Saint Yves entre le riche et le pauvre, retable de la chapelle Saint-Antoine de Plouézoc’h, XVIIe siècle. (service de l’Inventaire)
L’ensemble a disparu ; récemment les statues du riche et du pauvre ont été restituées à l’association qui anime la chapelle. |
Roger van der Weyden, Saint Yves, étudiant à Paris, 1450. National Gallery, Londres.
Saint Yves, statue du calvaire de Goasmelquin en Plouégat-Guérand, 1575.
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