Mission protestante. Les pasteurs Jenkins à Plougasnou
Le pasteur Jenkins devant sa nouvelle maison au Diben, coll. part.
Les débuts du protestantisme en Bretagne
Aux XVIe et XVIIe siècles, le protestantisme fit son chemin dans certaines villes portuaires bretonnes et surtout dans la noblesse de cette province à commencer par les Rohan, les Montjean, les Laval, les Rieux. Un chemin semé d’embûches et tracé au prix fort. Ainsi à Morlaix en mars 1534, suite à une destruction de statues, Alain Guézennec est brûlé vif devant l’église Saint-Melaine.
Henri II de Rohan, ami de Henri IV mais combattu de manière inflexible par le duc de Richelieu fut une figure marquante de la cause protestante en Bretagne. Mais en 1685, la révocation de l’Édit de Nantes par le roi Louis XIV forcera les protestants à s’exiler.
Des missionnaires protestants gallois
Au XIXe siècle, plusieurs missions vont être menées en Bretagne par les pasteurs d’origine galloise.
Ils sont ainsi une dizaine de pasteurs qui vient s’installer en Bretagne contre vents et marées. Bien qu’ils apprennent vite le breton voisin de leur langue maternelle, ils auront tous des difficultés énormes à s’implanter dans une région où la religion catholique et ses prêtres ont un ascendant sans partage sur une population essentiellement rurale. L’église, omniprésente, influencera les élus pour empêcher ou du moins retarder l’érection de temples dans des villages où pourtant elle n’a pas fait l’effort jusque-là de s’implanter ; au Diben, par exemple, ou à Lesconil « la rouge » dont le Plouganiste, l’abbé Le Mel, sera le premier recteur.
Depuis ce temps les églises protestantes se sont multipliées.
Aux XVIe et XVIIe siècles, le protestantisme fit son chemin dans certaines villes portuaires bretonnes et surtout dans la noblesse de cette province à commencer par les Rohan, les Montjean, les Laval, les Rieux. Un chemin semé d’embûches et tracé au prix fort. Ainsi à Morlaix en mars 1534, suite à une destruction de statues, Alain Guézennec est brûlé vif devant l’église Saint-Melaine.
Henri II de Rohan, ami de Henri IV mais combattu de manière inflexible par le duc de Richelieu fut une figure marquante de la cause protestante en Bretagne. Mais en 1685, la révocation de l’Édit de Nantes par le roi Louis XIV forcera les protestants à s’exiler.
Des missionnaires protestants gallois
Au XIXe siècle, plusieurs missions vont être menées en Bretagne par les pasteurs d’origine galloise.
Ils sont ainsi une dizaine de pasteurs qui vient s’installer en Bretagne contre vents et marées. Bien qu’ils apprennent vite le breton voisin de leur langue maternelle, ils auront tous des difficultés énormes à s’implanter dans une région où la religion catholique et ses prêtres ont un ascendant sans partage sur une population essentiellement rurale. L’église, omniprésente, influencera les élus pour empêcher ou du moins retarder l’érection de temples dans des villages où pourtant elle n’a pas fait l’effort jusque-là de s’implanter ; au Diben, par exemple, ou à Lesconil « la rouge » dont le Plouganiste, l’abbé Le Mel, sera le premier recteur.
Depuis ce temps les églises protestantes se sont multipliées.
John JENKINS (1807-1872), pasteur et missionnaire gallois
Louis Caradec, le pasteur John Jenkins ca 1850, coll. part.
John Jenkins arrive en Bretagne en 1834, avec une recommandation pour le pasteur Le Fourdrey, établi à Brest, qui lui conseille de s’installer à Morlaix.
Il fait partie d’un mouvement spirituel gallois appelé le « Réveil » qui s’accompagne d’une large œuvre de scolarisation et de diffusion des Saintes Écritures.
Il passe alors quelques semaines à PLOUGASNOU pour se perfectionner en breton, langue proche de sa langue maternelle le gallois. Il y fut mal accueilli par la population. Le maire, Yves Guy Pastour de Kerjean, averti, aurait déclaré : « si cela avait été pour protéger des cochons, j’y serais allé…Mais pas pour la canaille ». On reste sans voix.
Après sa consécration le 14 janvier 1835, au Pays de Galles, le pasteur Jenkins s’installe avec son épouse à Morlaix le 15 février et commence à distribuer des bibles dont le texte a été traduit en breton par le grammairien Jean-François Le Gonidec (1827), un des premiers animateurs de l’Académie Celtique de Paris et qui avait fait paraître un dictionnaire et une grammaire celto-bretons. L’opposition commence à Saint-Jean-du-Doigt où le recteur demande à ses fidèles de brûler la version de Le Gonidec, puis à Morlaix où le pasteur est considéré comme infréquentable. En 1847, John Jenkins s’attèle à une deuxième traduction du Nouveau Testament en breton, Testamant nevez hon aotrou hag or salver Jesus Christ, édité à Brest.
Il colporte ainsi à Plougasnou, Saint-Jean-du-Doigt et surtout Trémel. Il connaît quelques difficultés à agir - c’est le moins que l’on puisse dire - et devra batailler ferme et subir de nombreux désagréments durant plusieurs années, une dizaine, avant d’obtenir l’autorisation – administrative surtout - de construire un temple à Morlaix, grâce au soutien de tous les instants de son confrère brestois Le Fourdrey. Les maires puis les préfets et même les ministres s’en mêleront. Son œuvre prend de l’audience particulièrement dans le petit Trégor, de Morlaix à Lannion.
Si les événements de 1848 amènent une libération des cultes, l’avènement du Second Empire aura l’effet inverse et l’hostilité cléricale tournera à la persécution. C’est ainsi qu’en 1854 le décès du choléra d’un premier enfant Jenkins se transformera en cauchemar, le recteur de Saint-Martin-des-Champs s’opposant de fait, avec l’aval des élus, à ce que le corps repose à l’emplacement retenu au cimetière. Malgré les négociations et les protestations, l’enfant devra être inhumé au cimetière Saint-Charles à Morlaix. Cependant selon les rapports encourageants du pasteur, les donateurs gallois accepteront de financer la construction d’un deuxième temple, cette fois en campagne. Trémel sera choisi comme lieu d’implantation où la population, les jeunes en particulier, semblaient intéressés par les prédications. Après 38 ans de mission, John Jenkins s’éteint le 28 octobre 1872. Son corps repose également au cimetière Saint-Charles.
Eddy Roux, descendant du pasteur, raconte que son arrière-grand-père fut poursuivi sur la route de Plougasnou par des gens qui étaient loin de lui vouloir du bien. Il dut son salut qu'en se réfugiant dans la chapelle Saint-Nicolas où il se mit à prier. Les agresseurs impressionnés calmèrent leurs ardeurs et passèrent leur chemin.
La chapelle Saint-Nicolas, récemment sauvée de la disparition, devint ainsi par hasard un lieu œcuménique.
Il fait partie d’un mouvement spirituel gallois appelé le « Réveil » qui s’accompagne d’une large œuvre de scolarisation et de diffusion des Saintes Écritures.
Il passe alors quelques semaines à PLOUGASNOU pour se perfectionner en breton, langue proche de sa langue maternelle le gallois. Il y fut mal accueilli par la population. Le maire, Yves Guy Pastour de Kerjean, averti, aurait déclaré : « si cela avait été pour protéger des cochons, j’y serais allé…Mais pas pour la canaille ». On reste sans voix.
Après sa consécration le 14 janvier 1835, au Pays de Galles, le pasteur Jenkins s’installe avec son épouse à Morlaix le 15 février et commence à distribuer des bibles dont le texte a été traduit en breton par le grammairien Jean-François Le Gonidec (1827), un des premiers animateurs de l’Académie Celtique de Paris et qui avait fait paraître un dictionnaire et une grammaire celto-bretons. L’opposition commence à Saint-Jean-du-Doigt où le recteur demande à ses fidèles de brûler la version de Le Gonidec, puis à Morlaix où le pasteur est considéré comme infréquentable. En 1847, John Jenkins s’attèle à une deuxième traduction du Nouveau Testament en breton, Testamant nevez hon aotrou hag or salver Jesus Christ, édité à Brest.
Il colporte ainsi à Plougasnou, Saint-Jean-du-Doigt et surtout Trémel. Il connaît quelques difficultés à agir - c’est le moins que l’on puisse dire - et devra batailler ferme et subir de nombreux désagréments durant plusieurs années, une dizaine, avant d’obtenir l’autorisation – administrative surtout - de construire un temple à Morlaix, grâce au soutien de tous les instants de son confrère brestois Le Fourdrey. Les maires puis les préfets et même les ministres s’en mêleront. Son œuvre prend de l’audience particulièrement dans le petit Trégor, de Morlaix à Lannion.
Si les événements de 1848 amènent une libération des cultes, l’avènement du Second Empire aura l’effet inverse et l’hostilité cléricale tournera à la persécution. C’est ainsi qu’en 1854 le décès du choléra d’un premier enfant Jenkins se transformera en cauchemar, le recteur de Saint-Martin-des-Champs s’opposant de fait, avec l’aval des élus, à ce que le corps repose à l’emplacement retenu au cimetière. Malgré les négociations et les protestations, l’enfant devra être inhumé au cimetière Saint-Charles à Morlaix. Cependant selon les rapports encourageants du pasteur, les donateurs gallois accepteront de financer la construction d’un deuxième temple, cette fois en campagne. Trémel sera choisi comme lieu d’implantation où la population, les jeunes en particulier, semblaient intéressés par les prédications. Après 38 ans de mission, John Jenkins s’éteint le 28 octobre 1872. Son corps repose également au cimetière Saint-Charles.
Eddy Roux, descendant du pasteur, raconte que son arrière-grand-père fut poursuivi sur la route de Plougasnou par des gens qui étaient loin de lui vouloir du bien. Il dut son salut qu'en se réfugiant dans la chapelle Saint-Nicolas où il se mit à prier. Les agresseurs impressionnés calmèrent leurs ardeurs et passèrent leur chemin.
La chapelle Saint-Nicolas, récemment sauvée de la disparition, devint ainsi par hasard un lieu œcuménique.
Alfred Llewellyn JENKINS (1846-1924) pasteur
Le pasteur Alfred Llewellyn Jenkins, coll. part.
John Jenkins et son épouse Elisabeth Hook engendrèrent douze enfants dont Alfred et deux de ses sœurs, Emma et Eliza. Alfred bâtit des centres protestants au Diben en Plougasnou (1892), au Guilly en Poullaouen (1896), à Lannéanou, à Kerelcun à la Feuillée.
En 1890, Alfred Llewellyn Jenkins, pasteur, achète un terrain sur le run de Primel-Perros (aujourd’hui Le Diben). Il y fait construire en 1892 une maison d’habitation pour sa famille et une salle de conférence qui sert aussi de salle de classes pour les enfants des pêcheurs locaux. Son but de missionnaire est double, faire connaître la Bible et apprendre à lire et à écrire aux enfants.
En 1890, Alfred Llewellyn Jenkins, pasteur, achète un terrain sur le run de Primel-Perros (aujourd’hui Le Diben). Il y fait construire en 1892 une maison d’habitation pour sa famille et une salle de conférence qui sert aussi de salle de classes pour les enfants des pêcheurs locaux. Son but de missionnaire est double, faire connaître la Bible et apprendre à lire et à écrire aux enfants.
Salle de classes au Diben, coll.part.
La maison était tenue quotidiennement par Emma et Eliza qui assuraient à la fois les fonctions d’enseignantes et de cuisinières. Le terrain qui entoure la maison servait à cultiver des légumes. Elles entretenaient en outre un poulailler et une étable pour une vache. Bref ce qui fallait pour nourrir les enfants qui fréquentaient l’école. En ces périodes de dénuements, il n’était pas rare de voir certains fidèles assister le dimanche matin à la messe et l’après-midi au service protestant qui d’ordinaire était suivi d’une collation.
La famille du pasteur Jenkins, coll. part.
En 1895, Alfred Jenkins crée un atelier de fabrication de cordes, pour fournir de l'emploi aux dibennois. Il y attire également des cordiers venus de Morlaix, tels Henri Lebrun qui deviendra par la suite marin-pêcheur.
Le clergé catholique, représenté à cette époque par le recteur Coatmanac'h, ne tarde pas à réagir en instaurant en 1910 le pardon de "la bénédiction de la mer" dont la procession ne manquait pas de faire le tour de la maison "Jenkins". Puis en 1912, le recteur fait construire dans une parcelle proche, la chapelle Saint-Etienne du Diben qui abrite également une école de filles, grâce à une souscription soutenue par le député M. de Mun, Mme Costa de Beauregard, fille de M. de Kersauson, résidant à Trodibon en Plouezoc'h et avec la contribution effective des sulpiciens de Ker Maria, en particulier du père Stanislas Clair.
Le clergé catholique, représenté à cette époque par le recteur Coatmanac'h, ne tarde pas à réagir en instaurant en 1910 le pardon de "la bénédiction de la mer" dont la procession ne manquait pas de faire le tour de la maison "Jenkins". Puis en 1912, le recteur fait construire dans une parcelle proche, la chapelle Saint-Etienne du Diben qui abrite également une école de filles, grâce à une souscription soutenue par le député M. de Mun, Mme Costa de Beauregard, fille de M. de Kersauson, résidant à Trodibon en Plouezoc'h et avec la contribution effective des sulpiciens de Ker Maria, en particulier du père Stanislas Clair.
Orientée Sud-Ouest, Nord-Est, la maison du pasteur Jenkins est composée de deux corps de bâtiment. Le premier, l’habitation, comprend un rez-de-chaussée, un étage et une chambre sous comble. Le pignon, au Nord dont la vue s’ouvre sur l’anse de Primel, forme la façade principale. Cette bâtisse très ouverte comporte quinze baies. Un escalier extérieur reprenait la pente du terrain pour donner accès à la porte d’entrée. Le second bâtiment en prolongement du premier mais moins large, comprenait un rez-de-chaussée où se trouvait la salle de classe et à l’étage le logement de l’instituteur ; au Nord-Ouest une petite avancée avec pignon marquait l’entrée de l’école. Au Sud-Est un petit bâtiment perpendiculaire, l’actuelle cuisine, servait d’écurie.
Les murs, sans chainage d’angle en pierre de taille, sont faits de moellons de granite, recouverts d’un enduit. Les entourages des baies sont en pierres de taille de granite. Certains linteaux, selon la mode de l’époque, ont leur partie supérieure en pointe afin de mieux résister aux poussées verticales.
Cette maison sur un promontoire servait aussi de repère aux marins.
Les murs, sans chainage d’angle en pierre de taille, sont faits de moellons de granite, recouverts d’un enduit. Les entourages des baies sont en pierres de taille de granite. Certains linteaux, selon la mode de l’époque, ont leur partie supérieure en pointe afin de mieux résister aux poussées verticales.
Cette maison sur un promontoire servait aussi de repère aux marins.
Famille protestante du Diben, coll.part.
Après 1912, les habitants du Diben furent sollicités pour envoyer leurs enfants à l’école catholique installée sous le même toit que la chapelle Saint-Etienne. Les décès successifs d’Emma et d’Elisa en 1920, du pasteur Alfred Jenkins en 1924 et de sa femme Marie Van Eeckhout en 1931, brisèrent l’élan de la mission. Edgar, fils cadet d’Alfred et pasteur, poursuivit cependant le culte protestant jusqu’à la seconde guerre mondiale.
Pierre MERRET et Christian MILLET
Sources :
Jean-Yves Carluer John Jenkins ou les tribulations d’un pasteur gallois en Bretagne – 1996, Université d'été Enclos et Monts D\'Arrée. pp. 17-35
Eddy Roux (de Plougasnou), petit-fils du pasteur Alfred Jenkins.
Pierre MERRET et Christian MILLET
Sources :
Jean-Yves Carluer John Jenkins ou les tribulations d’un pasteur gallois en Bretagne – 1996, Université d'été Enclos et Monts D\'Arrée. pp. 17-35
Eddy Roux (de Plougasnou), petit-fils du pasteur Alfred Jenkins.
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