Emile LE MORVAN
ancien combattant
ancien combattant
Huit ans de souffrance à la suite d’un gazage durant la guerre de 1914-1918 ! Emile Le Morvan fait partie des victimes de la guerre dont on ne voit pas le nom sur les monuments aux morts. Né le 20 juillet 1881 à Loguivy-Plougras, commune des Côtes d’Armor, Emile Le Morvan a donc 37 ans à la fin de la guerre. Lors de sa mobilisation, il était père de trois enfants. En novembre 1918, il reçoit un congé de réforme définitive, avec gratification, et il se retire à Plougasnou. Marqué à jamais par les séquelles physiques et psychiques de cette guerre, par les conditions inhumaines dans lesquelles il survécut, il refuse de parler de cette période. Il ne veut pas être de ces héros que la politique d'après-guerre glorifie. Il vit comme il peut ; à sa mort survenue dans le hameau de Kerbabu le 8 novembre 1924, il est sans profession (lors de son mariage, il était domestique). Quand le cortège funéraire arrive à l’église, le recteur en refuse l’accès parce qu’Emile Le Morvan n’avait pas voulu se confesser. Il est donc inhumé sans cérémonie religieuse préalable. Une grande partie de la population de Plougasnou est choquée par la position par trop dogmatique du clergé local. Alors de nombreux habitants se cotisent pour faire apposer une plaque sur sa tombe ; plus de 80 personnes dont de nombreux anciens combattants ou parents de morts pour la France, participent à la souscription. Tous les travailleurs y sont représentés, cultivateurs, marins, ouvriers du lin, artisans et commerçants. La somme atteint 162 francs (environ 160 euros d’aujourd’hui) Sur cette plaque, le texte, qui pourrait être d'Édouard Herriot, principal animateur du Cartel des gauches et nouveau président du Conseil, est le suivant : " L’honnête homme / qui a vécu selon sa Conscience / une Vie modeste et d’Humble labeur / peut regarder la mort / avec calme et confiance / il a l’âme affranchie des terreurs vaines / que la superstition forge et / qu’entretient la crédulité / il s’en va regretté de ses amis / dans la joie paisible / de la tâche achevée. offert par souscription». Emile MORVAN / époux de Foise POSTIC / décédé le 8 Nbre 1924 / à l’âge de 43 ans" Dans le cimetière de Plougasnou, la tombe d’Emile Morvan attire le regard. Au-dessus du socle se dresse une colonne tronquée. Est-ce, au milieu des croix des tombes environnantes, le signe d'une laïcité affirmée, voire d'un anticléricalisme de conviction ou le symbole d'une vie anéantie et trop tôt arrêtée ? Christian MILLET Cl. Ch. Millet
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